“Difficulties mastered are opportunities won”

La nouvelle annee record eclipsee par la crise du coronavirus

Cette fois, nous n’avons pas pu trinquer à une nouvelle année record lors de la présentation du Dossier Economique de la fédération sectorielle Sigma. 2019 a pourtant à nouveau affiché des résultats jamais vus mais le coronavirus a joué ici aussi un rôle majeur. D’une part, la présentation physique traditionnelle a dû être remplacée par une version en ligne. D’autre part, le tristement célèbre mot en C a provoqué dans notre secteur aussi une telle onde de choc que personne ne sait ce que nous réserve le proche avenir. Le recul ‘modéré’ attendu s’est soudain mué en un crash sans précédent, sans énormément de perspective.

Un resultat jamais vu, a nouveau

 

Dries Van Haut, président de Sigma, a débuté son allocution en ligne en enfonçant une porte ouverte, affirmant que 2019 avait été une bonne année sur le plan économique dans notre secteur. “Grâce à un sprint final en décembre, nous terminons même encore au-dessus des chiffres record de 2018 et pouvons à nouveau nous vanter d’un résultat jamais vu.”

Voilà pour les bonnes nouvelles. “Il était écrit dans les étoiles que les ventes chuteraient. La cime des arbres n’atteint hélas pas le ciel”, poursuit Van Haut. “Sans crises particulières, un recul modéré était l’hypothèse la plus répandue – et surtout espérée.” Mais c’est alors que la pandémie de coronavirus a éclaté et que l’activité économique s’est figée dans le monde entier. “Notre ‘crise spéciale’ était devenue réalité et impactait soudainement et violemment nos entreprises. Nous ignorons encore à ce jour à quel point l’effet sera profond et déstabilisant.”

La baisse des recettes et la hausse des coûts entravent les investissements. “Et dans de nombreux cas, cela ne signifie pas seulement report mais souvent annulation: les commandes sont annulées.” Les entreprises de location ont aussi été particulièrement durement touchées. “Comme l’activité s’est retrouvée à l’arrêt quasiment du jour au lendemain, les revenus ont également disparu quasiment sur-le-champ. Les entreprises de location retardent dès lors leurs investissements, d’autant plus que le volume de travail futur est incertain.” De nombreuses entreprises affiliées à Sigma font elles-mêmes de la location mais quasiment toutes puisent un important volume de vente dans les entreprises de location. “L’impact sera donc marqué”, craint Van Haut, qui a encore souligné que “réagir avec rapidité et flexibilité aux changements du marché a toujours constitué une clé du succès.”

Genie civil

Avec une hausse de 10%, le record a à nouveau été battu. La progression des mini-pelles (+8%) reste en particulier spectaculaire. Ce marché a doublé en quelques années avec une augmentation de plus de 1.000 unités. Les chargeurs élévateurs télescopiques ont cartonné aussi (+ 28%). Ces deux produits déforment ainsi la tendance, une légère hausse à très haut niveau. On remarque qu’il n’y a quasiment pas de perdants, presque tous les segments progressent, et si on constate un recul, il s’agit de marchés plus petits.

Grosses versus petites machines

Après une mini-baisse en 2018, les grosses machines enregistrent à nouveau une belle progression d’en moyenne 15%. On observe une tendance similaire parmi les petites machines: une hausse pour la cinquième année consécutive, en moyenne de 9%, mais avec une catégorie sortant du lot, les petits chargeurs sur pneus < 80 CV, qui réalisent avec + 270 unités un bond de + 40%.

La catégorie ‘terrassement’ connaît une tendance à la hausse depuis 2015. A ceci près que les mini-pelles poursuivent leur progression tandis que les plus grosses pelleteuses entament leur recul. Même tendance parmi les chargeurs sur pneus. Le matériel plus petit, les chargeurs sur pneus compacts (< 80 CV) et les chargeurs télescopiques continuent à progresser tandis que le matériel plus gros commence à reculer.

Les résultats des tombereaux articulés sont moins spectaculaires qu’en 2018. Les tombereaux rigides explosent en revanche; vu qu’il s’agit de petits volumes, les chiffres sont toutefois vite impressionnants. Les grues automotrices ont enregistré des résultats décevants, tout comme les pilonneuses et les plaques vibrantes, avec une perte moyenne de - 55%.

Pour le moment, difficile de prédire à quoi s’attendre en 2020. Sachez cependant qu’avant la pandémie de Covid-19, le marché avait déjà baissé de 20% pour les grosses machines et de 10% pour les petites machines …

Generateurs

2019 affiche une légère régression par rapport à 2018 pour les générateurs de production comme pour les groupes électrogènes de secours. Grâce à la demande toujours élevée du secteur de la location en raison des nouvelles normes d’émission Stage V, les dégâts sont restés relativement limités parmi les groupes de production, même si bon nombre des entreprises de location achètent à l’échelle mondiale et pas nécessairement sur le marché belge. L’avenir laisse toutefois craindre le pire vu que les générateurs à moteurs Stage V sont à peine disponibles et encore en plein développement.

Les groupes électrogènes de secours continuent à afficher une tendance à la baisse et des résultats décevants en raison de la diminution continue des investissements et des projets à réaliser dans ce domaine. Aucune embellie n’est prévue en 2020 étant donné qu’à quelques exceptions près, les fabricants ne disposent pas encore de groupes de production à moteurs Stage V.

Manutention

Chariots élévateurs

En 2019, le marché total des chariots élévateurs a connu un recul de 4,1%, ce qui correspond à un volume total de 4.647 machines vendues (37% du marché belge de la manutention). Le volume de chariots élévateurs électriques est resté stable avec 2.853 machines, mais celui des motorisations thermiques a chuté sévèrement pour le gaz comme le diesel de 12% par rapport à 2018. La motorisation électrique confirme la croissance de sa part de marché en Belgique (avec 62% du volume). Elle est préférée depuis 2012 déjà au moteur à combustion. L’évolution des performances des batteries, l’introduction progressive des batteries au lithium-ion et les exigences de plus en plus strictes pour combattre la pollution sont autant de facteurs incitant le marché à privilégier l’électrique.

Chariots de magasinage

La Belgique constitue, en tant que plate-forme logistique, un marché intéressant pour les équipements de magasinage. Ils représentent en 2019 63% du volume, avec 7.820 machines vendues. Cela est quasiment autant que l’année précédente, qui était l’année de tous les records dans ce segment d’activité. Un fait marquant: le volume historique des ‘transpalettes électriques’ qui dépasse pour la première fois le cap des 4.000 unités (4.047 pour être précis, ou 52% du volume total). En 2010, ce segment ne représentait encore que 2.242 machines et 3.032 en 2015.

La crise du coronavirus qui a éclaté en mars de cette année aura incontestablement un effet négatif marqué sur le marché de la manutention. Il est difficile de prédire dans quelle mesure mais une diminution de volume de 20 à 30% n’est pas exclue. En mars 2020, le marché européen a perdu 17,4% par rapport au même mois en 2019 et en avril même déjà plus de 40%!

Le ton est donc donné… 