L’industrie de la défense sort de l’ombre
De nouvelles opportunités pour les entreprises manufacturières
Après des années de réserve, l’industrie de la défense revient au centre du débat économique et politique. Longtemps perçue comme sensible et éthiquement discutable, elle est aujourd’hui réévaluée à la lumière des tensions géopolitiques et de la nécessité d’une autonomie stratégique. Pour l’industrie manufacturière belge, cette évolution ouvre des perspectives concrètes, même si certains obstacles doivent encore être levés.

Un contexte géopolitique qui impose une réaction
Pendant des années, le secteur de la défense en Belgique est resté dans l’ombre. D’une part, en raison de la stabilité relative après la Guerre froide ; d’autre part, en raison de considérations éthiques : produire des armes suscitait de fortes réticences. Mais ce positionnement est aujourd’hui remis en cause. La guerre en Ukraine, l’instabilité croissante sur d’autres continents, et surtout les déclarations du président américain Donald Trump – qui a ouvertement affirmé que les pays de l’OTAN ne respectant pas l’objectif de 2 % de dépenses militaires ne pouvaient plus compter sur le soutien automatique des États-Unis – ont entraîné une prise de conscience en Europe.
L’accord de gouvernement fédéral 2025-2029 reconnaît explicitement l’industrie de la défense comme secteur stratégique. De son côté, la fédération technologique Agoria plaide, dans son mémorandum En Route! – Feuille de route pour une prospérité durable, pour un partenariat renforcé entre la Défense et l’industrie manufacturière belge. L’Europe a également mis en place des programmes tels que l’EDIDP et la PESCO pour développer ses capacités propres.
Quels changements sont nécessaires?
Pour les entreprises manufacturières, les opportunités sont réelles : contrats à long terme, exigences de qualité élevées, et accès aux budgets européens. Mais plusieurs obstacles doivent être levés :
- Les licences d’exportation de matériel de défense sont octroyées au niveau régional en Belgique, entraînant complexité administrative et incertitude.
- Les PME ont souvent du mal à accéder aux projets européens de défense.
- Un accompagnement et des incitants ciblés sont nécessaires pour favoriser les partenariats avec la Défense et les centres de recherche.
L’industrie de la défense sort de l’ombre, mais pour que les entreprises manufacturières belges puissent réellement en bénéficier, des mesures concrètes s’imposent.