Nécrologie dans l'industrie
Rubrique - Ferre Beyens, analyste/journaliste automobile

Tout le monde s'en souvient, n'est-ce pas? Les investissements massifs dans l'énergie éolienne et solaire allaient faire baisser nos factures d'électricité. Pourtant, il suffisait d'un peu de bon sens pour prédire le contraire. L'explosion des prix de l'électricité et le manque de capacité du réseau menacent de détruire notre prospérité. L'Europe ressemble à un dépotoir d'usines, nourrissant une nécrologie industrielle sans précédent avec les cadavres exhumés d'une industrie automobile en voie d'autodestruction. Pourtant, la Commission européenne, écolo et dogmatique, s'obstine à prôner une obsession désastreuse pour les véhicules électriques. Butée et aveugle aux conséquences de ses propres choix, elle persiste et signe en imposant des objectifs climatiques insensés, en inventant des taxes stupides sur le CO2, en poursuivant sa transition énergétique au coût pourtant irréaliste et en obligeant les automobilistes, pourtant confrontés à une pénurie d'électricité imminente et conscients du problème, à passer en masse du thermique à l'électrique.
"Les constructeurs non européens innovent dans des technologies pour lesquelles les Européens ont depuis longtemps un avantage comparatif"
Pour tenter de lutter contre le changement climatique, l'Allemagne jadis industrielle et pourtant exemple de la reprise économique en période d'après-guerre, a eu une idée originale: fermer toutes les centrales nucléaires. Aujourd'hui, nos voisins de l'Est se demandent pourquoi le prix de leur électricité a été multiplié par trois. Ils refusent de voir à quel point l'emprise des éoliennes et des fermes solaires est pernicieuse et coupe le souffle de leur industrie autrefois prospère. L'explosion des prix de l'électricité paralyse les chaînes de production locales et menace de fermeture des sites entiers. Et ce n'est pas seulement le cas en Allemagne. Bien au-delà de l'Europe, les prix 'abordables' de l'électricité attirent les fabricants européens. Pendant ce temps, la Chine, qui tourne à plein régime grâce à une électricité nettement plus avantageuse, augmente sa production. L'industrie européenne est donc en perte de vitesse. Au cours des huit premiers mois de cette année, nous avons enregistré un nombre record de faillites. L'Espagne a vu 17% de ses entreprises cesser leurs activités au cours de cette période. La France, la République tchèque et l'Allemagne ont également connu une évolution négative. De manière moins falacieuse qu'en Espagne, mais tout de même. C'est à cause de politiques européennes à courte vue que la plupart des pays se débattent aujourd'hui dans des situations économiques aussi douloureuses.
L'UE nuit principalement à l'industrie automobile locale. Nous l'avons déjà évoqué dans ces lignes: la politique européenne - en particulier pour l'industrie automobile - a rendu des questions triviales inutilement complexes et a saboté des solutions évidentes. Le fait que la plupart des constructeurs automobiles européens rencontrent aujourd'hui de graves difficultés est dû à un excès de réglementations européennes. Ces réglementations, conçues pour la plupart au sein d'institutions européennes écologistes, ont laissé des traces durables dans le paysage prospère de l'industrie automobile d'antan. Les ventes de voitures sont nulles et sans perspectives, les volumes difficiles, voire impossibles à prévoir. L'énumération de ces écueils met mal à l'aise. Nous serons donc brefs. Avec Stellantis et Volkswagen qui annoncent la suspension temporaire de certaines chaînes de montage en raison de stocks qui s'accumulent dangereusement. Puisque la transition du thermique à l'électrique se fait beaucoup plus lentement que prévu. Stellantis parle d'un ralentissement volontaire de la production pour éviter de faire dérailler les stocks. On parlait alors de surproduction. Mais cela n'a plus d'importance. Et puis, il y a les grands arrêts temporaires de production qui ne touchent pas seulement la France ou l'Italie. Les usines d'Eisenach (Allemagne), de Saragosse et de Madrid (Espagne) et de Tychy (Pologne) sont également mises à l'arrêt 'volontairement'.
De plus en plus d'experts jugent inefficace la campagne en faveur de la neutralité carbone. À juste titre d'ailleurs, puisqu'elle ne repose pas sur des données scientifiques vérifiables, mais plutôt sur des modèles informatiques douteux et manipulables. La poursuite 'salutaire' d'une économie sans carbone, qui ne se réalisera jamais, garde le secteur automobile européen sous le coude. En effet, la réduction des émissions de CO2 est devenue, de manière injustifiée, synonyme d'une seule voie technologique: la batterie électrique. Non seulement le secteur automobile européen est ainsi bridé, mais en plus, il ne dispose d'aucune marge de manœuvre (financière) pour innover dans d'autres domaines respectueux des émissions de CO2. C'est précisément dans ce domaine que les constructeurs européens disposaient d'un avantage comparatif sur la scène automobile industrielle mondiale.
Alors que l'Europe mise tout sur l'électrification, Toyota, Subaru et Mazda, armés de la technologie existante, développent une nouvelle génération de moteurs à combustion favorables au CO2. Ainsi, en déployant des solutions complémentaires, et non purement électrotechniques, les constructeurs automobiles non européens peuvent soutenir les objectifs climatiques à long terme en réduisant les émissions de CO2. Cette situation est pénible pour les constructeurs automobiles européens, pour qui l'innovation dans la technologie des groupes motopropulseurs existants est politiquement contrecarrée. Non seulement les restrictions concernant l'amélioration des moteurs à combustion, mais aussi la poursuite du développement des véhicules partiellement électriques sont entravées pour les constructeurs automobiles européens. À cet égard, nous renvoyons au point de vue de l'AECC (Association for Emissions Control and Climate) sur la question. Ce n'est pas le moteur à combustion qui pose problème, mais le carburant qui l'alimente. Qu'ils fonctionnent à l'énergie renouvelable ou au même carburant, tous les types de propulsion produisent peu d'émissions de CO2. Par conséquent, l'approche législative actuelle de l'UE empêche les constructeurs automobiles d'optimiser le potentiel des unités de propulsion partiellement électriques combinées à des carburants neutres en CO2 ou à l'hydrogène. Allô la Commission européenne, qu'est-ce que vous attendez pour réagir?




