Comment le secteur du bricolage peut-il se réinventer?
Le 11e Global DIY Summit propose des outils pour le changement

Lisbonne, autrefois base des navigateurs à la recherche de nouveaux mondes, a servi en juin dernier de décor à une autre exploration: l’avenir du DIY et du Home Improvement. Pas de voiliers cette fois, mais un véritable raz-de-marée d’idées rafraîchissantes. Le thème ambitieux sonnait prometteur, voire quelque peu disruptif: «A New World Order: Redefining DIY for a Global Future». Ces grandes attentes ont-elles été au rendez-vous?
Renouvellement nécessaire
Le thème du Global Summit évoquait immédiatement la célèbre Blue Ocean Strategy de W. Chan Kim et Renée Mauborgne (un best-seller en management): ne pas se battre pour des parts de marché dans des marchés saturés, mais créer une nouvelle valeur là où la concurrence est quasi inexistante. Pour le secteur du DIY, cela signifie qu’il faut en finir avec les actions interminables de promotions du weekend et la TVA réduite. L’avenir réside dans des solutions innovantes et porteuses de sens, soutenues par la technologie, la créativité, ainsi que la pensée et l’action centrées sur le client. Des retailers comme Brico et Hubo démontrent déjà, avec leurs modèles «Hardware-as-a-Service» et «Do-It-Together», à quoi peut ressembler cette nouvelle orientation. Lisbonne, autrefois tremplin vers des mondes inconnus, était non seulement la ville hôte, mais aussi le symbole de ce renouvellement nécessaire.

Sous le titre «Global Retail Strategies: Driving Success in Home Improvement», plusieurs intervenants ont abordé les bonnes pratiques et les stratégies
Résilience sans chichis
Certains intervenants ont su traduire le thème de manière impressionnante en pratique. Le professeur Sony Kapoor (European University Institute & London School of Economics) a ouvert avec un message marquant. Selon lui, le progrès repose sur deux piliers: les ressources naturelles et le capital humain. Dans un monde marqué par l’instabilité géopolitique et l’accélération technologique, l’universitaire a plaidé pour un changement de cap profond et durable.
Paul Martin, stratège britannique du retail, a apporté de la clarté au chaos, notamment après la prestation gratuite d’un intervenant davantage préoccupé par la vente de son livre que par le contenu. Martin a proposé une structure avec ses sept 'P' pour une stratégie retail résiliente (Politics, Proposition, People, Purpose, Price, Proximity, Productivity). Ensemble, ils formaient un cadre clair vers trois fondements de la transformation : stabilisation, optimisation et croissance.
Alexander Kremer, PDG des centres de jardinage Kremer (Allemagne), a également livré un discours sincère et convaincant. Sa leçon de vie: ne vous laissez pas entraîner dans des promotions superficielles et une rhétorique tarifaire. Sa réponse? Redécouvrez votre ADN. Ne dérivez pas dans l’océan rouge des supermarchés de plantes et de fleurs. Son centre de jardinage récemment inauguré à Siegen est la preuve vivante que la nature, l’aménagement intérieur et le commerce de détail peuvent s’harmoniser parfaitement.

Marées menaçantes
L’avenir du DIY ne se résume clairement plus à une simple histoire de produits sous blister et d’affiches publicitaires… Cette prise de conscience ne semblait toutefois pas encore avoir atteint tous les coins du hall d’exposition. Les stands se limitant à un produit et à un nom de marque étaient, sur le fond comme en termes de marketing, totalement vides. Colles, stratifiés et tondeuses robots, parfois associés à des stars du sport, incarnaient encore l’ancien modèle économique.
Deux exceptions se sont démarquées: Bostik et Montana Colors. Ces marques ont compris que la communication ne porte pas uniquement sur le produit — colle ou peinture — en tant que tel, mais aussi sur la manière dont il est appliqué et utilisé. Ce n’est pas un hasard si leurs stands ont attiré des centaines de visiteurs, séduits par un storytelling authentique, un impact visuel fort et un sens aigu de la pédagogie du bricolage.
SEPT VALEURS COMME BOUSSOLE
Inspirées par le modèle de Paul Martin, sept valeurs fondamentales ont émergé comme repères pour le secteur mondial:
- Humilité: une simplicité sublime et une modestie sincère, sans paillettes ni artifices
- Simplicité: une seule diapositive bien pensée vaut souvent mieux qu’une multitude de slogans et de vidéos
- Clarté: le modèle du flywheel a une fois de plus démontré son efficacité
- Sagesse: la technologie ne primera pas sans connexion humaine. Les réseaux évoluent vers de véritables écosystèmes
- Unité: Tony Walker (Bunnings) a incarné le rôle d’ambassadeur. Seul retailer au monde, sa carte de visite mentionne clairement sa mission ultime : connecter fournisseurs et distributeurs à l’échelle mondiale, sans intérêt personnel
- Créativité: Montana Colors a démontré comment ramener du plaisir en magasin de bricolage, avec peu de moyens mais un impact inestimable
- Honnêteté: les messages les plus puissants venaient des orateurs qui parlaient avec le cœur. Cela souligne ce qui distingue fondamentalement l’humain de ChatGPT.

Panta Rhei
Le secteur a-t-il été secoué? Certains pionniers ont délibérément choisi le renouveau et la transformation, tandis que d’autres sont restés à la dérive. Lisbonne nous a rappelé que l’immobilisme n’est pas une option; le secteur du DIY est en pleine accélération. Le défi n’est pas de lutter contre les marées, mais de tenir fermement le cap avec vision. L’océan du DIY est en mouvement perpétuel.
Le 11e Global DIY Summit a marqué le moment où le secteur a été invité à redéfinir sa valeur ajoutée. Non pas à travers les produits, les prix, les volumes ou les promotions, mais en se concentrant sur les valeurs intrinsèques et la durabilité.
In the port of Amsterdam…
Comme le veut la tradition maritime, la flotte du Global DIY Summit met désormais le cap sur le prochain port. En juin 2026, nous accosterons à Amsterdam pour la 12e édition. Douze mois pour redéfinir votre état d’esprit.