LE SECTEUR DE LA CONSTRUCTION EN PLEINE MUTATION
Les cinq prochaines années seront décisives
Le secteur de la construction fait actuellement l'objet d'une importante mutation avec l'arrivée des nouvelles technologies. Selon une étude réalisée par iVox pour le compte de Batimat, le salon international de la construction qui a lieu à Paris du 4 au 8 novembre 2019, la moitié des professionnels belges sont intéressés par ces nouvelles technologies. A l'occasion de sa soixantième édition, Batimat s'est, en effet, penché sur les préoccupations des professionnels du bâtiment (des maîtres d'ouvrage et des architectes aux entrepreneurs). L'occasion de rencontrer Guillaume Loizeaud, managing director de Batimat et Sven Nouten, responsable presse de la Confédération Construction pour une interview croisée sur les nouveaux défis qui attendent les secteurs français et belges de la construction.
CONSTRUIRE MIEUX ET MOINS CHER

"Les cinq prochaines années seront décisives pour le secteur de la construction", souligne d'emblée Guillaume Loizeaud. "Le secteur va vivre d'importantes transformations. Il est certain qu'on ne pourra plus construire comme avant en France, mais aussi en Europe. Or, il y a un grand besoin de logements neufs et d'un autre côté, il y a un manque criant de professionnels. Il faut donner envie aux jeunes de se lancer dans ce secteur. Nous sommes en train de vivre une révolution industrielle et technologique. Nous sommes à un nœud dans le secteur et cette vague technologique n'est ni une mode, ni un gadget. Les nouvelles technologies ne sont pas une option, c'est une obligation", insiste Guillaume Loizeaud.
PÉNURIE DE MAIN D'ŒUVRE
"En Belgique aussi, on constate une pénurie de main d'œuvre dans le secteur de la construction", souligne Sven Nouten, "on en est actuellement à 13.000 postes vacants sur toute la Belgique. Or, les régions mettent pourtant l'accent sur l'enseignement en alternance, à savoir 2 jours de classe et 3 jours sur chantier. Ces jeunes trouvent ensuite du travail dans les six mois. En fait, c'est surtout l'éducation des parents qu'il faut faire en soulignant les qualités et les avantages des métiers de la construction. Il faut aussi changer la politique de l'emploi en Belgique et nous devons absolument communiquer sur les modifications profondes que va vivre le secteur de la construction".
UNE BRIQUE HUMAINE AU SALON
"Et cela prendra beaucoup de temps", ajoute Guillaume Loizeaud "c'est la raison pour laquelle nous avons ajouté une 'brique humaine' à nos salons en accueillant des jeunes et en organisant des centres d'apprentissage. Avant, un salon était avant tout un lieu de produits, aujourd'hui, le facteur humain occupe une place très importante pour valoriser ces métiers dont la pénibilité évolue aussi dans le bon sens. Tous les professionnels observent ces mutations et nous avons la chance de vivre cela", estime encore le managing director de Batimat.
LE TOP 3 DES TENDANCES
Selon l'étude organisée par Batimat, les nouvelles technologies figurent dans le top 3 des tendances qui intéressent la moitié des professionnels belges de la construction. Ceux-ci semblent s'intéresser tout particulièrement à trois grands thèmes : les nouvelles technologies, la durabilité et l'énergie et la sécurité au travail. Ces thèmes seront à l'honneur à Batimat à Paris.

LES NOUVELLES TECHNOLOGIES
Près de la moitié des professionnels de la construction (44%) s'intéressent aux nouvelles technologies. Les néerlandophones (54%) se disent plus intéressés par celles-ci que les francophones (30%).
L'étude de Batimat montre, en effet que la façon dont les bâtiments sont utilisés est aussi en train de changer. L'efficience, l'efficacité et la numérisation du secteur de la construction s'accélèrent, tandis que les derniers outils numériques (impression 3D, réalité virtuelle) et les solutions et processus innovants (construction modulaire, hors site, robotique) s'imposent.
AMÉNAGEMENT FLEXIBLE
Là où avant, on assignait aux bâtiments un but précis et immuable, ils sont dorénavant aménagés de façon neutre et souple. Si nécessaire, ils peuvent être facilement convertis à d'autres fins, comme le logement, le commerce de détail ou le bureau. En outre, le secteur de la construction utilise plus fréquemment les nouvelles technologies pour faciliter la gestion et l'entretien ou pour améliorer la connectivité des bâtiments, des intérieurs ou des jardins
"Je suis convaincu que c'est le secteur de la construction qui va le plus évoluer au cours des 20 prochaines années", nous dit Guillaume Loizeaud. "En 2
030, le secteur sera totalement différent de ce qu'il est aujourd'hui. Le climat, le pouvoir d'achat, le coût de l'énergie, tout cela aura et a déjà, une influence sur notre manière de construire. Les nouvelles technologies comme le BIM (Building Information Modeling) permettent aussi de mieux organiser les chantiers. Il faut savoir qu'actuellement 70% du temps des ouvriers est consacré aux déplacements sur le chantier. Aujourd'hui, on mélange aussi l'habitat aux bureaux et aux commerces avec des espaces verts et même des potagers sur les toits. Cela représente une partie de la solution pour que les gens aient de meilleurs logements à de meilleurs prix. Les logements connectés - et on ne parle plus ici de domotique - seront plus accessibles et aussi plus performants". "Et les architectes sont preneurs", ajoute Sven Nouten, "ce sont eux qui sont en général les plus révolutionnaires dans notre métier".
LA CONFÉDÉRATION CONSTRUCTION
La Confédération Construction conseille, informe, défend et représente toutes les entreprises belges de construction, quelle que soit leur taille. Résolument tournée vers l'avenir, la Confédération Construction est le catalyseur des évolutions du secteur. En tant qu'organisation professionnelle s'adaptant en permanence à son temps et son environnement, elle répond aux besoins de ses membres en s'appuyant sur quatre piliers : proactivité, efficacité, flexibilité et innovation.
Chaque jour, les collaborateurs de la Confédération Construction mettent leur expertise en termes de formation, d'information et de conseil dans les matières juridiques, sociales, fiscales, de gestion des ressources humaines… au service de ses adhérents et assurent la promotion des métiers et du secteur de la construction.
DURABILITÉ ET SÉCURITÉ
Le développement durable joue aussi un rôle important dans le secteur de la construction. Afin de limiter la raréfaction des matières premières, le secteur doit développer des solutions renouvelables et les réutiliser autant que possible.
Le secteur contribue aussi à la lutte contre le réchauffement climatique en évitant, autant que possible, les émissions de CO2 dans les processus, en construisant des bâtiments économes en énergie et en utilisant des énergies renouvelables. De plus, le secteur tente d'inclure des plantes et des surfaces agricoles dans les zones et les bâtiments urbains.
"La flexibilité et l'accessibilité accrues des bâtiments permettent de réinventer la façon de vivre et de consommer", souligne encore Guillaume Loizeaud.
Enfin, la sécurité au travail et son amélioration sont un souci permanent pour le secteur de la construction. Et donc, les outils qui favorisent la sécurité au travail sont suivis de près : "comme par exemple les gilets connectés qui permettent de savoir où se trouvent les ouvriers à tout moment, une aide efficace en cas de malaise ou d'accident", précise encore Guillaume Loizeaud.
