Ne pas se mettre à niveau, c'est reculer
Depuis plus de 35 ans, Marc Decat, responsable de formation des graduats en systèmes CVC et énergies renouvelables de la haute école VIVES, suit de près l'évolution du secteur CVC. Son message? "Ne vous concentrez pas uniquement sur les nouvelles installations, assurez également le service et l'entretien! Et continuez à vous former, car ceux qui ne le font pas finiront par rester sur la touche."
Toujours un pied dans le métier
L'installation a joué un rôle important dans la vie de Marc Decat depuis son plus jeune âge. Son père a créé une entreprise d'installation en 1963 et, en 1987, après avoir suivi des études d'ingénieur civil en construction, Marc a pris la direction de l'entreprise. Il a vu comment les chaudières atmosphériques au gaz et au mazout ont fait place aux chaudières à condensation, et comment les technologies renouvelables ont pénétré le marché. Aujourd'hui, Marc et son épouse Martine sont toujours actifs, avec des établissements à Bruges et à Ostende. "Nous avons trois employés. A Ostende, nous tenons également un petit magasin de pièces détachées. Notre activité principale est l'entretien et la réparation des installations existantes."
Les campagnes qui prétendent que l'on va raccorder tous les citoyens au réseau de chaleur sont irréalistes
Marc Decat confie une partie de la gestion à sa femme. "Désormais, je me concentre principalement sur mon travail à VIVES. Ceci dit, je m'occupe encore de la comptabilité de l'entreprise et je réalise quelques travaux ici et là. Le fait d'avoir toujours un pied dans le métier un très gros avantage, à mon avis." Marc a commencé sa carrière d'enseignant en 1989, chez Syntra, où il enseignait aux techniciens et aux installateurs, en plus de ses activités de chef d'entreprise. "Lorsque j'ai commencé en tant qu'enseignant, il était difficile de convaincre l'ancienne génération qu'elle devait calculer son installation et que le hasard ne pouvait pas être la norme. J'étais donc un grand partisan des agréments et j'ai activement oeuvré pour leur mise en place. J'ai co-écrit les manuels pour les certificats GI et GII et j'ai été l'un des fondateurs de la formation pour le label CERGA, qui était le cours d'habilitation à l'époque.
Finalement, Marc Decat a enseigné à Syntra pendant 32 ans. "Je formais les techniciens et les installateurs pour qu'ils deviennent des techniciens certifiés, ou alors je rafraîchissais leurs connaissances. Et ce, aussi bien pour le mazout que pour le gaz. Ceci dit, j'étais surtout passionné par les installations au gaz, et plus particulièrement les brûleurs à gaz à ventilateur. C'est ce qui ma valu mon surnom de Marc Gas."
ne restez pas sur la touche
Aujourd'hui, ce surnom n'est plus très pertinent. "Les gens disaient en riant que j'étais un fossile mais entre-temps, j'ai aussi été formé aux techniques d'énergie renouvelable. J'ai suivi plusieurs cours RESCert, par exemple. Celui qui ne veut rester sur la touche au bout d'un moment n'a pas d'autre choix que d'évoluer constamment."
Les possibilités de formation pour les installateurs et les techniques connexes sont nombreuses en Belgique. Pour ceux qui veulent se former au métier d'installateur, il existe les cours de jour pour installateurs (via l'enseignement secondaire ou via le VDAB/Forem) et les cours de licence et de diplôme (via le réseau des écoles supérieures). Les installateurs qui souhaitent poursuivre leur formation peuvent obtenir leur agrément en suivant des cours du soir ou des cours post-formation (par exemple via le réseau des établissements d'enseignement supérieur), ou s'informer auprès de leur fabricant des possibilités de formation qu'il offre.
"Chez VIVES, nous disposons d'un large éventail de post-formations. Pour ma part, je vois un bel avenir pour les installateurs de chauffage qui se recyclent afin de devenir des techniciens du froid certifiés. En tant qu'experts en chauffage, ils ont déjà un aperçu des aspects hydrauliques et renouvelables d'une installation, et lorsqu'on maîtrise en plus la partie froid, on est 100% prêt à installer tous les types de pompes à chaleur."
La presse parle d'une interdiction du mazout mais en fait, il n'y a pas d'interdiction
adoptons la technologie
En 2020, Marc Decat a rejoint VIVES en tant que professeur en technologie du gaz. Entre-temps, il est devenu responsable de la formation, ce qui signifie qu'il a également pour mission de proposer aux étudiants un programme d'études actualisé et de les préparer au marché du travail. "Avec VIVES, nous essayons d'être très réactifs", déclare Marc Decat. "Nous adaptons constamment notre programme d'études afin qu'il reste en phase avec les toutes dernières avancées technologiques." Cette flexibilité est une chose que Marc trouve absente aux autres niveaux d'enseignement. "Dans l'enseignement secondaire traditionnel, on est souvent bloqué par les programmes. Les changements sur le terrain sont lents à se répercuter à l'école."
Le recrutement de nouveaux étudiants fait également partie de sa description de poste. "L'afflux de nouveaux étudiants dans le secteur de l'installation reste limité. Avec le plan d'action STEM, nous essayons de renverser la situation. En tout cas, nous devons nous concentrer davantage sur les filles; elles sont parfaitement capables de faire ce que nous proposons dans nos cours. En outre, nous devons sensibiliser les parents car ils appliquent encore trop souvent l'effet cascade: ils font d'abord essayer le général à leurs enfants et en cas d'échec, ils les mettent dans l'enseignement technique. La satisfaction professionnelle que la technologie peut procurer n'est pas suffisamment mise en avant, au contraire."
que nous réserve l'avenir?
"Personne n'a de réponse concluante sur la façon dont nous chaufferons nos maisons dans dix ans", affirme Marc Decat. "Une chose est sûre, ne vous laissez pas abuser par les publicités des fabricants qui font une promotion massive des pompes à chaleur. Pour les bâtiments quasi zéro énergie, les nouvelles constructions donc, une pompe à chaleur constitue certainement une bonne option. Mais pour les maisons existantes, qui ont été construites beaucoup trop grandes à l'époque et qui nécessitent beaucoup d'énergie, une pompe à chaleur n'est généralement pas une bonne option. Pour ces habitations, je pense que la solution est l'hydrogène. Je pense qu'un jour, l'hydrogène ou un mélange de gaz et d'hydrogène sortira du robinet de gaz. Avec VIVES, nous sommes également fortement engagés en faveur de l'hydrogène. Nous menons actuellement des recherches sur l'utilisation de l'hydrogène pour le chauffage."
"Plusieurs projets de recherche sont également en cours à VIVES sur les réseaux de chaleur et les réseaux intelligents. Je crois certainement à l'utilité des réseaux de chaleur. Par exemple, le bâtiment VIVES à Ostende est relié au réseau de chaleur de la ville. Attention, les campagnes qui prétendent que l'on va raccorder tous les citoyens au réseau de chaleur sont irréalistes. Raccorder une chaudière de 20 kW? Je ne pense pas que ce soit pour tout de suite. En revanche, cela vaut la peine de raccorder un immeuble d'appartements ou un bâtiment industriel à un réseau de chaleur."
Ne vous laissez pas tromper par les publicités des fabricants qui font une promotion massive des pompes à chaleur
Selon Marc Decat, les installations pétrolières et gazières existantes ne sont pas encore amorties. "La presse parle d'une interdiction du mazout mais en fait, il n'y a pas d'interdiction. Aucune nouvelle chaudière à mazout ne peut être installée dans les nouvelles constructions ou les rénovations importantes visant à économiser l'énergie, ni dans les habitations existantes où il est possible de se raccorder au réseau de gaz naturel. Mais dans certains cas, c'est encore possible. Et n'oubliez pas que le marché du service et de l'entretien des chaudières à mazout continue d'exister."
assurer l'entretien et le service
"Je constate que de plus en plus d'installateurs se tiennent à l'écart du service et de l'entretien. Ils n'installent que des appareils neufs et laissent l'entretien au fabricant. L'électronique, en particulier, effraie de nombreux installateurs. Pourtant, il y a toujours de la logique dans les appareils si l'on regarde au-delà de l'électronique. Je pense que c'est une bonne décision pour l'avenir de proposer également l'entretien, car que se passera-t-il si le marché de la construction neuve s'effondre?
"Bien sûr, il est difficile d'offrir un service pour toutes les marques. Alors, spécialisez-vous dans quelques marques. Parfois les étudiants me demandent quelle est la meilleure chaudière. La meilleure chaudière est celle de la marque pour laquelle vous pouvez facilement obtenir des pièces de rechange et qui offre un bon service." Et qui offre également les meilleures possibilités de monitoring? "Le chauffage en tant que service devient de plus en plus important. Les gens sont habitués à beaucoup de confort, alors malheur s'il n'y a pas d'eau chaude! En tant qu'installateur, vous pouvez répondre à cette demande en proposant un contrat de service avec monitoring. C'est un moyen idéal d'élargir votre offre."