"De nombreuses entreprises ne savent pas ce qu'on peut faire de leurs déchets de bois"
Les flux de déchets ligneux dans une nouvelle perspective

Le jeudi 20 février 2025, le Centre des matériaux circulaires de Courtrai a accueilli l'après-midi d'étude "Wood & Carpet", destiné aux professionnels de l'industrie de la moquette et du bois. Cet événement a permis d'explorer les défis circulaires et les solutions durables pour les flux de déchets ligneux, entre autres.
Préserver les précieux résidus de matériaux
Stefaan Verhamme, le manager du cluster Nouveaux Matériaux chez POM West-Vlaanderen, a ouvert l'après-midi d'étude au nom de tous les partenaires du Living Lab Circular Wood Cluster Grensland. Cette initiative est le fruit d'une collaboration entre POM West-Vlaanderen, la Platform Grensland Menen-Wervik, WOOD.BE et plusieurs entreprises de transformation du bois de Menen et Wervik, et a été rendue possible grâce au soutien de VLAIO.
Au centre, Stefaan Verhamme a posé la question suivante: "Comment pouvons-nous garder les résidus de matériaux dans la chaîne de valeur le plus longtemps possible?" Pour répondre à cette question, il a demandé à plusieurs experts en la matière de présenter des idées pratiques et des exemples concrets.
L'innovation par la collaboration: le laboratoire vivant
La recherche de la préservation des précieux résidus de matériaux dans notre secteur nécessite des formes de coopération innovantes. C'est pourquoi un Living Lab, une plateforme au sein de laquelle différents acteurs du secteur du bois travaillent ensemble, est utilisé dans le cadre de cette problématique.

Gaëlle Lobelle (VLAIO) a expliqué: "Dans un Living Lab, les gouvernements, les institutions de la connaissance, les entreprises et les utilisateurs travaillent ensemble sur des expériences pratiques autour de défis sociaux ou économiques complexes. Cela offre un espace pour les expériences et permet aux parties prenantes de tirer des leçons précieuses, même en cas d'échec. Cela crée un processus d'apprentissage où les gens apprennent de leurs propres erreurs et s'en inspirent à l'avenir pour contribuer davantage à des solutions plus durables."
Gaëlle a mis en lumière quelques pistes intéressantes tirées de divers laboratoires vivants existants et en cours avant de donner la parole aux orateurs suivants, qui se sont exprimés sur le laboratoire vivant "Circular Wood Cluster Borderland".
Défis durables dans le secteur du bois
Karla Basselier (Fedustria) a ensuite abordé certains défis et réalisations durables concrets dans le secteur du bois. "La circularité devient un thème de plus en plus important, tant parmi les entreprises qu'au sein même de notre fédération. Par exemple, Fedustria soutient elle-même les entreprises, notamment en clarifiant la législation, et nous collaborons avec des centres d'innovation tels que Centexbel et WOOD.BE."

Elle a terminé son intervention en donnant quelques exemples pratiques où l'innovation et la durabilité vont de pair. Ce faisant, elle a voulu montrer que dans notre secteur, la circularité n'est pas qu'une théorie.
"Unilin a réalisé une première mondiale en recyclant son MDF. En outre, Decospan a optimisé sa production afin d'utiliser les matières premières de manière plus efficace. Par exemple, elle parvient à extraire jusqu'à 25 fois plus de bois d'un tronc d'arbre grâce à sa technologie de sciage. Enfin, Carpentier Hardwood Solutions a mis au point un système de fixation pour les applications en bois sans collage, ce qui facilite considérablement le démantèlement de leur produit en fin de vie."
Déchets de bois post-industriels
Enfin, Eline Persyn (POM West-Vlaanderen) a pris la parole pour expliquer l'importance des collaborations locales pour un état et une vision future de la réutilisation des déchets de bois post-industriels.

Eline Persyn: "Les analyses de marché montrent que les produits en bois sont actuellement remplacés après 20 ans en moyenne, bien que le bois lui-même soit souvent encore en bon état à ce moment-là. Pourtant, ce matériau n'est que très peu réutilisé à haute valeur, il est souvent brûlé. Par ailleurs, on sait que le cycle de croissance d'un arbre de qualité est d'environ 80 ans. Cela crée un déséquilibre d'un facteur quatre. Les déchets de bois post-industriels sont encore plus préoccupants: le déséquilibre atteint même un facteur de 80, car ce bois est éliminé directement sans réutilisation de qualité."
"La connaissance de la législation environnementale standard peut encore être améliorée, en particulier dans les petites entreprises"
"Dans la pratique, on constate par exemple dans le parc d'activités Grensland-Menen-Wervik que près de 12 000 tonnes de bois résiduel post-industriel sont produites chaque année, dont quatre-vingts pour cent sont très probablement brûlés. Le mot "probablement" a été choisi à dessein, car les entreprises n'ont pas suffisamment d'informations sur ce qu'il advient exactement de leurs déchets de bois. En outre, la connaissance de la législation environnementale standard peut encore être améliorée, en particulier dans les petites entreprises.
"Pour y remédier, notre Living Lab se concentre sur la collecte des déchets à grande échelle et l'analyse détaillée des flux de matériaux individuels, mais nous nous heurtons à des problèmes d'échelle, de rentabilité et d'inadéquation entre l'offre et la demande."
Étude de cas
Après les explications des orateurs, l'après-midi d'étude a ensuite réuni diverses entreprises, menuisiers, architectes d'intérieur et chercheurs lors de tables rondes, d'ateliers et de présentations. Parmi les offres, citons
Recyclage du MDF et du HDF

Geert Coudenys (Unilin) a présenté l'installation pionnière de recyclage de stratifiés d'Unilin, développée avec le soutien du projet européen CISUFLO. Les tests ont montré que les fibres de bois recyclées peuvent être entièrement utilisées pour la production de MDF et de HDF sans perte de qualité.
Pour assurer le fonctionnement continu de cette ligne de recyclage, Unilin collecte les déchets nécessaires dans le cadre de son programme Recover et de sa coopération avec divers partenaires. Cette année, la capacité du processus de recyclage passera d'une ligne pilote (1 tonne par heure) à une échelle industrielle de 10 tonnes par heure.
Les partenaires font correspondre les flux de bois résiduel
Au cours d'un atelier, les entreprises G. Desmet, Decospan, Jori et BerryAlloc ont présenté leurs flux de bois résiduels, qui comprennent des pièces pliées en bois massif, des panneaux Shinnoki de second choix, des tréteaux en bois, des panneaux HDF et des blocs de copeaux.
Au cours des discussions avec 21 partenaires potentiels, des séances de brainstorming créatif ont permis de dégager des idées prometteuses pour des applications circulaires de ces flux résiduels. Par exemple, des idées concrètes ont été avancées pour utiliser les flux résiduels afin de mettre en place des collaborations locales avec des écoles et des activités STEM. L'option de contacter les banques de matériaux a également été évoquée à plusieurs reprises.
Enfin, les entretiens ont révélé que la recherche de clients pour ces flux résiduels est compliquée - comme indiqué dans l'introduction - par des défis d'échelle et de rentabilité. Par exemple, il n'y a souvent pas assez de matériaux disponibles pour réaliser un projet. De plus, les produits disponibles sont souvent trop spécifiques, ce qui les rend plus difficiles à utiliser pour des applications plus larges.
Plateformes de mise en relation locales de l'écosystème
Tore Bleuzé (Bendig Materials) et Elke Renders (Circular Hub Brugge) ont exploré les moyens d'utiliser plus efficacement les banques de matériaux physiques - qui stockent des matériaux résiduels utilisables qui peuvent encore être utilisés sous leur forme actuelle.
Les sessions ont détaillé les avantages économiques que les entreprises peuvent tirer de leur participation à une banque de matériaux. Par exemple, il a été révélé que les entreprises peuvent économiser de manière significative sur les coûts de traitement des déchets et d'enfouissement. En outre, la participation offre la possibilité de projeter une image plus durable aux clients. Au cours de la session, les participants ont suggéré qu'il serait également avantageux pour eux de recevoir un certificat CO² qui démontrerait leurs efforts circulaires.
Enfin, la répartition des rôles entre les organisations impliquées, les réglementations en matière d'élimination des déchets et les obstacles à la création d'un flux circulaire de matériaux ont également été abordés.
Collecte du bois après la production: Woodloop
Alan Dergent et Imke De Windt (WOOD.BE) ont étudié la faisabilité d'un programme de collecte triée du bois résiduel provenant de l'industrie du bois dans des entreprises de Flandre orientale et occidentale. L'initiative néerlandaise Woodloop a servi d'exemple.

Après la présentation, les participants ont été interrogés sur les possibilités d'un système similaire en Flandre. Toutefois, au cours de la session, à laquelle participait le journal professionnel Schrijnwerk, certaines inquiétudes sont apparues. Par exemple, les menuisiers en particulier se sont montrés sceptiques quant aux avantages économiques de cette initiative. Leurs doutes sont compréhensibles étant donné que le bénéfice sur les factures d'énergie est actuellement plus important que le recyclage par un système tel que Woodloop.
Il a également été noté que l'introduction réussie d'un tel programme en Belgique doit s'accompagner de changements politiques. Sans ces changements, la participation restera probablement limitée aux entreprises ayant une forte motivation idéologique pour le développement durable. Toutefois, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer avec précision la viabilité et la valeur ajoutée par rapport aux méthodes de collecte existantes en Flandre.
Matériel pour les activités STEM locales
Sous la direction de Julie Naesens et Joke Wauters (VLAIO), les institutions éducatives et les entreprises ont discuté des défis logistiques et organisationnels liés à l'utilisation des matériaux résiduels des entreprises dans le cadre d'activités STEM.
La conclusion? Il est nécessaire de disposer d'une capacité de stockage supplémentaire et d'améliorer les liens entre les entreprises, les écoles et les organisations STEM. L'expérience montre que les entreprises sont disposées à donner des matériaux en petites quantités, mais des ressources supplémentaires sont nécessaires pour accroître la capacité en Flandre occidentale.
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