“BATIR ENSEMBLE L'AVENIR DES SOUS-TRAITANTS EN EUROPE"

Entretien avec Jaume Berenguer Baquès, président d'EGEA
EGEA, l'European Garage Equipment Association, prouve à quel point un groupement d'associations peut être important. C'est l'organe coordinateur européen qui défend les intérêts des fournisseurs dans l'équipement de garage. La structure de l'association a été délibérément imaginée aussi plane que possible, histoire de préserver la fonctionnalité et l'efficacité de l'arbre décisionnel. En effet, celui-ci détermine largement l'impact de ce type d'organisation. Nous nous sommes entretenus avec le président en exercice Jaume Berenguer Baquès, un gérant qui est par-dessus tout passionné par l'automobile.
EGEA COMME STRUCTURE
EGEA représente au niveau européen les associations nationales de fournisseurs d'équipement de garage. En Belgique, ce rôle est dévolu à FMA/Traxio, anciennement Federauto. Pour l'heure, EGEA couvre le gros des pays d'Europe occidentale et centrale. L'organisation est dirigée par un conseil d'administration de maximum sept représentants d'une fédération nationale.
Le but ultime à terme est de couvrir toute la région européenne, y compris les pays européens pour lesquels l'association ne compte qu'un ou quelques membres. Ceci est totalement en phase avec la philosophie plus générale de la globalisation européenne et de la collaboration internationale. “Nous y parviendrons", affirme le président avec espoir. D'emblée, l'un des nombreux objectifs et ambitions que caressait Baquès lors de sa prise de fonction en novembre 2016.
LE PRESIDENT
Jaume Berenguer Baquès a même siégé environ six ans au conseil d'administration, avant d'être nommé président d'EGEA. Il combinera cette activité jusqu'en novembre 2018 avec celle de CEO de l'espagnol VTEQ, un fournisseur d'appareils de test pour le contrôle technique des véhicules.
“Le président est à chaque fois élu pour une durée de deux ans", explique Baquès. “A l'instar du conseil d'administration du reste." Malgré le délai limité, Baquès désire poser ses propres accents et fixer ses priorités. “En premier lieu, je veux initier une dynamique qui apaise les craintes. Les organisations comme la nôtre ne sont efficaces que si la distance avec les membres est la plus petite possible, parce que c'est la seule façon de tenir notre engagement d'organe de soutien du secteur."
LES OBJECTIFS
Outre la transposition, le partage et l'harmonisation des aspirations régionales à destination de l'Union européenne, les spécialistes d'EGEA abordent les thèmes actuels de façon proactive. “Les défis sont légion, mais quelques-uns sortent vraiment du lot, pour lesquels nous avons entre-temps créé des groupes de travail individuels", nous explique le président. EGEA se penche notamment sur les agréments techniques, les testeurs de suspension et de freins, les standards de qualité, les aspects sécuritaires tels que sur les ascenseurs de garage, les diagnostics de véhicule, les changeurs de pneu, les testeurs de climatiseur et, même très récemment, la connectivité.
“Des projets fondamentaux dans lesquels nous devons absolument nous engager, parce qu'ils sont essentiels pour l'avenir de tous les fournisseurs d'équipements pour l'automobile en Europe", précise Jaume Berenguer Baquès. “Nous tentons réellement de soutenir et d'harmoniser de façon technique et légale tous les produits qui entrent en considération au sein de nos membres, par exemple par l'utilisation de protocoles de certification."
L'OBSTACLE DE CETTE EPOQUE
“Nous nous trouvons actuellement dans une époque critique", confie Baquès pour décrire la situation. “Les constructeurs automobiles plus grands sont, par exemples, peu diserts à propos de certaines informations importantes relatives à leurs véhicules. Des données que nous voulons voir mises à la disposition du public spécialisé dans l'intérêt de tous." Un point d'action pour lequel EGEA, en sa qualité de précurseur en Europe, devra encore remporter quelques batailles.
Baquès: “C'est néanmoins essentiel, parce qu'il s'agit essentiellement d'informations électroniques qui pourraient nous donner une idée encore meilleure de l'état général du véhicule. En matière de sécurité, mais aussi de réponse correcte, de consommation et même de valeurs d'émission. En ce moment, nous n'avons pas accès à certains paramètres en tant qu'organisation coordinatrice."
INTERNET ET PIRATERIE MODERNE
La part du lion des appareils piratés proposés sur Internet concerne les outils de diagnostic. “Et l'inverse est également vrai heureusement", confie Baquès. En effet, vous verrez rarement ou jamais les testeurs de freins ou de climatiseurs proposés à la vente à l'état neuf. “Le problème de la piraterie des appareils a ses limites et nous travaillons dès lors fortement à sensibiliser nos membres. Vous voulez travailler correctement? Achetez correctement."
VOITURES ELECTRIQUES
“Pour le moment, cela ne concerne que les appareils liés à l'émission", déclare le président quand nous sondons l'impact de la conduite électrique sur EGEA. “Les autres aspects sont, en effet, largement, voire totalement comparables à la technologie de véhicule classique; seul notre groupe de travail sur les émissions s'en occupe pour le moment."
Un important obstacle pour EGEA reste la cacophonie que provoquent encore les cadres légaux fortement divergents dans chaque état membre de l'Union européenne.
UN AVENIR EN HARMONIE
Un important obstacle pour EGEA reste la cacophonie que provoquent encore les cadres légaux fortement divergents dans chaque Etat membre de l'Union européenne. Baquès: “Le problème est devenu particulièrement complexe, parce qu'un mal complémentaire se superpose au manque d'harmonie, et c'est l'évolution technologique qui ne peut être suivie qu'avec peine. Songez aux systèmes de direction électroniques: en quelques décennies, le nombre de commutations dans un véhicule est passé de quelques-unes à plusieurs dizaines. Et plus frappant peut-être est encore l'éclairage du véhicule: le monde était à peine familiarisé avec les systèmes LED que sont déjà apparus les premiers modules laser." Des technologies pour lesquelles l'équipement de garage accuse à chaque fois du retard.
CAPTEURS RAPIDES
Avec l'arrivée de la voiture autonome, le paysage de l'équipement de garage sera largement chamboulé, avec une approche ECSS (Electronic Component Safety System) complètement rafraîchie qui devra largement dépasser le champ des ceintures de sécurité et des airbags.
Jaume Berenguer Baquès: “C'est surtout la multitude de capteurs et de commandes complémentaires qui aura un impact irrémédiable. Les aspects sécuritaires directs, mais aussi et surtout l'après-vente en seront changés de façon méconnaissable."
Baquès: “C'est surtout la multitude de capteurs et de commandes complémentaires qui aura un impact irrémédiable. Les aspects sécuritaires directs, mais aussi et surtout l'après-vente en seront changés de façon méconnaissable." Et peut-être à raison, parce que l'évolution peut d'emblée mettre fin à la politique de boîte noire menée par les grandes marques automobiles autour de leur électronique.
BELLES PERSPECTIVES
Comme entité qui soutient les fédérations nationales de défense des intérêts pour l'équipement de garage et la Commission européenne proprement dite, EGEA peut continuer de bien peser dans la balance, estime son président. “Grâce à notre position proche des fédérations de membres et au travail de lobbying simultané, nous pouvons effectivement initier beaucoup de choses." Le président recourt à une collaboration maximale au sein de la niche: “Il est important pour nous de connaître et comprendre en permanence les besoins de chacune de nos sous-fédérations et par extension de leurs membres. La collaboration et l'échange de connaissances internes entre les fédérations, que nous voulons stimuler à tout moment, sont déterminants."