“NOUS AVONS PARFOIS DES MOTS, MAIS AU FINAL, NOUS AGISSONS DE CONCERT”
TROIS FRERES ET TROIS SŒURS AUX RENES DE LA MEME ENTREPRISE DE TERRASSEMENT
Vanigro, à Bornem, est l’acronyme de Van Nieuwenhuyse Grondwerken. L’entreprise est spécialisée depuis déjà quinze ans dans toutes sortes de travaux de terrassement, des travaux de fondation aux travaux d’égouttage, aux travaux de démolition et à la location de conteneurs, ainsi que l’aménagement des abords et les projets totaux. Cette entreprise a ceci d’unique qu’elle est dirigée par un couple; et aussi le fait que les deux frères du gérant David Van Nieuwenhuyse et les deux sœurs de son épouse Nathalie De Boever y sont actifs. La séparation travail-privé n’était donc pas toujours claire, mais en définitive, un juste milieu a été trouvé.

VANIGRO EST ...
- Travaux de terrassement
et démolition généraux - Service conteneur
David Van Nieuwenhuyse et Nathalie De Boever
EN CHIFFRES
- Fondée comme société unipersonnelle en 2003, SPRL depuis 2009
- 13 salariés actifs dans 4 équipes
- clients:
50% entreprises
45% particuliers
5% pouvoirs publics

Pour régler les questions de personnel, Vanigro a fait appel à un secrétariat social. “Notre premier salarié fut mon frère”, confie Van Nieuwenhuyse. “Nous voulions donc que tout soit parfaitement réglé”
INDEPENDANT PAR PASSION
Il y a quinze ans, David Van Nieuwenhuyse et sa femme Nathalie De Boever ont décidé de lancer à deux une entreprise de terrassement. “Jusque là, je travaillais chez Jan De Nul,” raconte Van Nieuwenhuyse, “ce qui était une école d’apprentissage très enrichissante. Mon père était également encore salarié dans le secteur. Mes deux frères et moi n’avions jamais rien vu d’autre, parce que mon père nous a transmis sa passion. Peu à peu, je me suis rendu compte que je me sentais parfois freiné par mes collègues dans une entreprise. Je voulais encore absolument peaufiner certaines choses, tandis qu’ils les laissaient pour le jour ouvrable suivant. Je les sentais moins passionnés que moi. D’où la décision de me lancer à mon propre compte.”
Portefeuille de commandes de deux jours
Le couple décrit bien à quel point le situation financière était précaire à un moment donné. Ce qui a engendré bien des nuits blanches. “Nous venions juste d’acheter une petite maison que nous étions en train de rénover. Notre situation financière n’était donc certainement pas de nature à permettre de lourds investissements, et ceux-ci étaient justement nécessaires dans notre branche. Toutefois, nous avons discuté avec la banque et heureusement, nous avons trouvé un directeur de banque qui a cru en nous. Ceci nous a permis d’acheter un véhicule tout-terrain avec une remorque et une ancienne petite grue. Avant cet achat, j’avais un portefeuille de commandes de, au total, deux jours. Ceci pour préciser que c’était loin d’être un choix évident.
Au départ, le but était d’exercer l’activité d’indépendant à temps partiel, mais cela a à peine duré deux semaines. Le premier mois de travail fut vite planifié complètement et tout s’est enchaîné.”
Sept jours par semaine
Dans les premières années, le couple acceptait n’importe quel travail proposé. “C’étaient surtout de petits travaux”, se rappelle Van Nieuwenhuyse. “Je prenais les allées et les terrasses, ou tout ce que d’autres entrepreneurs refusaient. J’ai été le seul travailleur durant deux ans. Ma femme a gardé son emploi et s’est chargée de l’administration après ses heures. Nous travaillions sept jours par semaine.”
TRAVAIL VERSUS PRIVE
A un moment donné, la situation était toutefois intenable et une main-d’œuvre supplémentaire était nécessaire.
“Mes frères ont toujours dit qu’ils étaient disposés à venir travailler pour l’entreprise, dès qu’il y aurait assez de pain sur la planche”, confie Van Nieuwenhuyse. “La passion était déjà présente dès leur jeune âge. Enfants, nous étions toujours affairés dans l’atelier et nous courions au plus vite vers le jardin à l’avant dès qu’un tracteur passait dans la rue.”
“Lors des fêtes de famille, on ne parlait quasi de rien d’autre que de pelles et de projets”, complète De Boever. “Entre-temps, tous les frères sont mariés et leurs moitiés ont veillé à ce que le temps dédié à la famille soit bel et bien utilisé pour la famille, sans réunions alternatives.”
Le frère devient salarié et voisin
“L’engagement de personnel fut une étape gigantesque pour notre entreprise”, se rappelle Van Nieuwenhuyse. “Nous nous sommes fait guider par un secrétariat social. Une raison de plus pour bien nous préparer était le fait que le premier travailleur fut mon propre frère Bart. Vous voulez alors que tout soit parfaitement réglé. Et ce fut aussi le cas. Le travail a afflué et nous avons collaboré comme nous l’avions fait dans notre jeunesse.
L’inconvénient était bel et bien qu’il était contraint de faire la navette de Kluisbergen à Bornem. Il a tenu bon pendant deux ans jusqu’à ce que nous l’ayons surpris à dormir dans sa voiture. Alors, il a décidé avec son épouse de déménager vers la région autour de Bornem. Entre-temps, c‘est mon voisin. Quelques mois plus tard, j’ai aussi engagé mon autre frère. A nous trois, nous nous sommes engagés à fond. Et comme il n’y avait pas d’autres frères, nous avons commencé ensuite à recruter sur le marché du travail. Entre-temps, nous travaillons avec quatre équipes fixes sous la direction de Bart et Toby, complétés par Kevin, notre premier ouvrier qui n’était pas un frère.”
Trois frères, trois sœurs
Chez Vanigro, les trois frères ne sont pas les seuls à travailler. La cogérante Nathalie travaille également avec ses deux sœurs.
“Il était évident qu’il serait impossible d’encore se charger de la paperasserie après les heures. Cela ne pouvait plus être combiné, certainement quand nous avons eu des enfants. Au cours de mon congé de maternité, j’ai encore été à l’école pour décrocher mon permis de transport, afin de pouvoir louer nos conteneurs à des personnes qui rénovent, ou afin de proposer aussi le transport de marchandises en vrac ou de machines à des tiers.”
“Nous envisagions depuis tout un temps d’abandonner l’emploi de Nathalie,” confie Van Nieuwenhuyse, “mais nous n’osions pas. Peu après, des changements au sein de son entreprise ont toutefois mis fin à son contrat. Pour nous, ce fut une belle opportunité, mais aussi une nouvelle source d’inquiétudes. En effet, son salaire était notre seule certitude.”
Différences d’opinion
“On nous demande souvent comment nous pouvons tenir sans constamment nous crêper le chignon”, poursuit Van Nieuwenhuyse. “L’important sur ce plan est qu’aucun des membres de notre famille n’a investi de l’argent dans Vanigro. Ils sont salariés tout comme chaque autre travailleur. La raison en est que nous voulons éviter qu’ils partagent nos soucis. Ils peuvent tous se concentrer sur l’exécution parfaite de leurs tâches sur le chantier. Cela rend les choses plus faciles.”
“Si des mots sont échangés,” poursuit Van Nieuwenhuyse, “c’est surtout entre moi et mes frères. Nous avons parfois des avis ou visions différentes. Logique, car nous avons trois caractères très différents. Cependant, nous partageons bel et bien le même but et la même passion, à savoir la meilleure exécution possible des travaux. En ce qui concerne les trois sœurs, elles sont unies comme les doigts de la main. Il est particulièrement beau de voir à quel point elles collaborent et entre-temps, elles sont devenues des ‘locomotives’ indispensables au sein de l’entreprise.”
NEUF ANS D’ATTENTE POUR LE TERRAIN PME
Trouver un endroit adéquat pour Vanigro ne fut pas évident.
“Au début, tout était concentré chez nous, à la maison. Après de longues hésitations, nous avons acheté deux lots adjacents, mais cet espace est rapidement devenu trop petit, certainement avec le début de la location des conteneurs. Durant neuf ans, nous avons figuré sur une liste à la commune pour l’achat d’un terrain PME qui serait approprié. Au cours d’un événement de réseautage de KMO Bornem, le bourgmestre nous a conseillé de jeter un coup d’œil dans le commerce de meubles de la famille Spiessens, qui cessait ses activités. Le bâtiment et le terrain étaient assez grands provisoirement, nous avons donc déménagé il y a un an et demi vers la Puursesteenweg. Du reste, ce fut aussi passionnant. L’achat du bâtiment était, en effet, un très grand investissement pour notre petite entreprise. De plus, nous y avons placé pas mal de nos économies. Et c’est précisément à ce moment-là que nous avons été confrontés à quelques grandes faillites chez des clients. Après de nombreuses nuits blanches et en unissant nos forces, nous avons surmonté cette période, heureusement.”

LE PERSONNEL, PLUS GROS CAPITAL
Quatre équipes, quatre spécialités
Vanigro est spécialisé dans tous les travaux possibles qui se déroulent dans la terre.
“Nos quatre équipes ont toutes leur spécialité. L’équipe de Bart est responsable des travaux de fondation dans la construction résidentielle et industrielle, et des caves de béton. En font aussi partie les parois berlinoises, les travaux d’égouttage et la reprise en sous-œuvre. Toby et son équipe se chargent de l’aménagement de jardin et des abords, des parkings dans divers matériaux, des systèmes d’infiltration, des citernes d’eau de pluie, des systèmes tampons, etc., complétés par les travaux de démolition. L’équipe de Kevin est spécialisée dans les travaux de démantèlement, de démolition et de maçonnage. En effet, Kevin est maçon de formation. Vous seriez étonné de voir à quel point on doit maçonner dans notre secteur. Par ailleurs, il y a encore une équipe de sous-traitants spécialisée dans la pose de pierre naturelle, le parachèvement général et l’aménagement extérieur.
Nous ne pouvons pas non plus oublier que nos chauffeurs acheminent et évacuent tout le matériel pour nos équipes. Pour Nathalie, ils se chargent du reste de la livraison et de la collecte des conteneurs chez les clients.”
La bonne motivation
“En ce moment, Vanigro emploie treize personnes. Mi-mai, un ouvrier du bâtiment féminin débute une formation IBO dans notre société. Trouver les ouvriers adéquats est loin d’être facile, mais les personnes qui ont des mains et partagent notre motivation, sont les bienvenues. Nous ferons tout pour leur apprendre le métier. Ce sont aussi d’importants investissements pour nous. Mais nous continuons constamment de chercher de façon proactive. Cela n’a pas de sens de se mettre à chercher quand le besoin est réellement élevé, car alors, vous êtes désespérément trop tard. Dès qu’une sollicitation spontanée nous parvient, nous l’examinons à fond.”
“Notre personnel est notre plus grand capital”, se rend compte De Boever. “Notre plan financier est basé sur le chiffre d’affaires et la rentabilité. Pour cela, il vous faut les bons ouvriers. Vous ne réussissez pas seul.”

DEMANDE CROISSANTE DE TRAVAUX DE DEMOLITION
L’une des tendances marquantes dans le secteur est, d’après Van Nieuwenhuyse, la demande croissante de travaux de démolition. “La Flandre est peu à peu totalement bâtie. La conséquence – en partie par le stop béton annoncé – est que les bâtiments doivent être démolis pour pouvoir en ériger de nouveaux. Au fil des années, nous y avons fortement misé, en plus de nos travaux de terrassement. Car seule une répartition des activités permet de compenser un éventuel recul dans une certaine niche. C’est notre point fort.”
ENTREPRISE A ANCRAGE LOCAL
En ce qui concerne l’avenir, Van Nieuwenhuyse et De Boever ne caressent pas un but clairement défini; bel et bien une vision. “Si l’on m’avait dit il y a quinze ans que je serais, à la tête, avec mon épouse, d’une PME, je ne l’aurais probablement pas cru. Je voulais simplement exécuter au mieux mes travaux comme indépendant. Mais regardez où nous sommes maintenant et ce, en travaillant dur et en soignant nos clients. C’est ce que nous voulons continuer de faire à l’avenir.”
“Nous voulons devenir une solide entreprise à ancrage local aux activités saines et avec des clients satisfaits”, conclut Van Nieuwenhuyse. “Par ailleurs, nous voulons transformer ce commerce de meubles en un immeuble de bureaux frais et moderne avec un espace de stockage et de travail. Et à côté, nous prévoyons même une salle d’exposition pour pouvoir accueillir les clients de façon agréable et leur montrer réellement certains matériaux. Nous voulons faire de ce bâtiment une référence, de telle sorte que les clients potentiels ont d’emblée envie de nous confier leur projet. En ce qui concerne le futur lointain ... nous avons deux fils. Qui sait, ils seront aussi atteints par le virus et je veux leur laisser une entreprise florissante. Mais naturellement nous n’en sommes pas encore là.”