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“LA NUMERISATION POUSSEE EST LA PLUS GRANDE EVOLUTION"

LE CEO DE HERBOSCH-KIERE SUR LES TRAVAUX D'INFRASTRUCTURE MARITIMES

L'eau a toujours attiré l'homme. Il n'y a qu'à demander aux marins et autres touristes balnéaires. Ou même aux travailleurs de Herbosch-Kiere, qui après une spécialisation dans les chantiers maritimes effectués au siège de l'entreprise à Anvers sont envoyés partout en Europe. Quais, ponts, échafaudages et écluses sont tous conçus sur plan puis sur site par l'entreprise. Il s'agit surtout de projets de grande ampleur, qui se distinguent par leur complexité. Des chantiers passionnants pour chacun des collaborateurs. InfraStructure a rencontré Benny De Sutter, CEO, qui a exprimé ce qui, selon lui, définira l'avenir de son entreprise.

Herbosch-Kiere

UNE REFERENCE DANS LES GRANDS CHANTIERS MARITIMES

“Une entreprise flamande, spécialisée dans les travaux d'infrastructure maritimes", c'est ainsi que son CEO Benny De Sutter résume l'identité de Herbosch-Kiere. “En 1975, les entreprises de démolition Herbosch et de renflouement Kiere ont fusionné. Mais cela fait déjà plus d'un siècle que nous jouons un rôle-clé dans la construction dans les zones portuaires, fluviales et maritimes. Nous sommes spécialisés dans la démolition et la reconstruction de murs de quai, de ponts, d'écluses et de pontons, ainsi que l'exécution de travaux de dragage et de renflouement. Nous sommes réputés pour les travaux de levage extrêmes. Le dernier projet que nous avons réalisé, concernait le secteur des énergies renouvelables, et surtout la production d'énergie éolienne et marémotrice offshore. Nous nous sommes aussi construit une solide expérience dans la construction et les travaux sur des sites de décharge ainsi que dans l'assainissement des sols." Herbosch-Kiere fait partie à 100% du groupe Eiffage Benelux, lui-même faisant partie d'Eiffage France, l'un des plus grands entrepreneurs de construction en Europe. Eiffage France emploie pas moins de 65.000 personnes et génère un chiffre annuel de plus de 15 milliards d'euros grâce à un réseau de plus de 500 filiales.

DEFIS COMPLEXES

Benny De Sutter

Herbosch-Kiere est surtout active dans le cadre de chantiers publics pour les autorités flamandes et locales, mais travaille aussi avec des clients privés.
“Près de 80% de nos activités concernent directement le marché belge", explique De Sutter. “Mais nous avons aussi un bureau à Londres d'où nous gérons les activités anglaises. Nous pouvons nous targuer d'excellentes connaissances techniques. Pour nos ingénieurs, c'est aussi beaucoup plus amusant de relever des défis complexes plutôt que de travailler sur des chantiers routiniers. Les projets caractérisés par des grosses difficultés techniques ou par un problème logistique sont étudiés par notre service spécialisé, afin de toujours trouver une solution sûre, innovante et économique."

“Notre meilleur atout? Realiser des projets dans le temps et le budget impartis, pour le plaisir de chacun“
- Benny De Sutter (CEO)

APPELS D'OFFRE INNOVANTS

Le fait qu'autrefois, les grands chantiers d'infrastructures étaient systématiquement attribués à l'offre la moins chère, n'est plus vraiment d'actualité, comme le constate Benny De Sutter.
“Il n'est pas rare aujourd'hui que les appels d'offre soient suivis de vraies négociations. Les autorités se tournent vers un nouveau système d'appel d'offres, qui laisse nettement plus de place à la créativité dans la quête de solutions. Et ce sont ces projets-là qui nous plaisent, car la liberté de réalisation est plus grande que dans le cadre d'un appel d'offres pur et dur qui définit clairement chaque point technique. Nous préférons laisser notre expérience technique s'exprimer. Le projet réalisé à Harelbeke en est un bel exemple. L'administration nous a demandé de construire une écluse exactement à l'emplacement de l'ancien, sans bloquer le trafic fluvial pendant la durée des travaux. Nous avons trouvé comme solution de construire une deuxième écluse à côté de la première, pour ensuite démolir l'ancienne écluse pour la remplacer par une toute nouvelle. A la fin des travaux, l'écluse temporaire a été démolie à son tour. Un projet loin d'être évident, mais qui a apporté la réponse idéale aux attentes du constructeur."

Deurganckdocksluis
Construction de la plus grande écluse au monde dans le port du pays de Waes à Anvers

ANVERS BOUILLONNE

Herbosch-Kiere a son siège en plein cœur du port d'Anvers.
“La ville d'Anvers a le deuxième plus grand port d'Europe", rappelle De Sutter. “C'est donc une zone continuellement en effervescence. Pour nous aussi. Le port d'Anvers est l'un de nos principaux clients. Et il y en a des choses à faire ici. Récemment, la zone portuaire a bénéficié de nombreux investissements. Anvers était donc le point de chute idéal pour nos activités internationales en Angleterre, en France, en Allemagne et du côté de la mer baltique. Tout le matériel est systématiquement renvoyé à Anvers pour les entretiens et réparations. Nous disposons de notre propre atelier ici, qui bénéficiera d'ailleurs d'un bel agrandissement l'année prochaine. Cela nous permettra de participer à des projets aux quatre coins du monde."

RECHERCHE CONSTANTE DE PERSONNEL

Herbosch-Kiere emploie 150 ouvriers et 90 employés en Belgique.
“Chaque année, c'est de plus en plus dur de recruter de nouveaux travailleurs", déplore le CEO. “Pour trouver des ingénieurs qualifiés, nous travaillons en collaboration avec plusieurs universités. Notre entreprise leur laisse une bonne image, car nous sommes spécialisés dans la réalisation de projets complexes, et c'est cela qui va pousser nos équipes à l'innovation. Nous avons beaucoup à offrir: les jeunes ingénieurs recherchent des projets peu communs, et chez nous, ils tirent le jackpot. Pour ce qui est des ouvriers, nous collaborons de manière très rapprochée avec des écoles professionnelles. Nous recherchons toujours de bons soudeurs, ainsi que des capitaines, des seconds et des matelots. Pour le personnel en mer, nous appliquons aussi le régime d'un mois de travail, suivi d'un mois de récupération."

FONDS PROPRES

Octopus
La barge Jack-Up Octopus réalise des forages géothermiques dans le port d’Anvers

“Nous investissons dans du matériel maritime afin de renforcer notre assortiment et de garantir un travail avec des instruments spécifiques", ajoute De Sutter. “Le matériel flottant est l'un des principaux postes d'investissement. Nous avons construit deux dragues en Europe de l'Est. Cette année, nous faisons l'acquisition de trois blondins mobiles et nous comptons développer encore notre branche spécialisée dans les fondations. Cela représente de solides investissements. Grâce à cette spécialisation dans la construction de fondations, nous pouvons gérer les projets de façon indépendante au sein de Herbosch-Kiere. Le battage de pieux dans les bassins comptait déjà parmi nos spécialités, mais maintenant, nous pouvons aussi poser les ancrages au sol, creuser des parois moulées, … Récemment, pour Elia, nous avons réalisé un projet de renforcement des fondations de
mâts électriques en installant des micropieux. (voir encadré)"

DU THEODOLITE AU DRONE

Quand on l'interroge sur ce qu'il compte parmi les avancées les plus déterminantes au sein du secteur, le CEO parle sans hésiter de la numérisation.
“La géodésie en est probablement l'exemple le plus parlant. Autrefois, pour tout mesurer, il fallait un théodolite, un géomètre et un assistant. Cela prenait énormément de temps et coûtait très cher. Aujourd'hui, il suffit de faire voler un drone pendant une heure pour faire les relevés et mettre sur plan des kilomètres de digue. Nous disposons ainsi de bien plus de repères. C'est une avancée énorme, et une belle économie de coûts. Nos procédés en interne ont été numérisés sous de nombreux aspects. Nous menons de gros projets pilotes afin de réduire nos marges d'erreur et de permettre un travail plus précis."

UN MARCHE STABLE

De Sutter estime que le marché des chantiers maritimes est relativement stable.
“Nous n'avons pas connu de grosses perturbations pendant les années de crise. D'un côté, le secteur de la construction est plus conservateur que la pétrochimie. Mais surtout, nous travaillons sur des projets de construction qui s'étendent sur plusieurs années. Et si l'économie s'écroule, nous mettons un certain temps avant de le ressentir dans notre carnet de commandes. Il est fort probable que l'on ressente les effets d'une économie à la hausse, mais avec un peu de retard."

PLAN STRATEGIQUE AMBITIEUX

Herbosch-KIere
Le plus grand atout ? Des projets réalisés dans le respect du délai et du budget

Herbosch-Kiere applique son plan stratégique ambitieux pour 2015-2020.
“Et par ambitieux, j'entends vraiment ambitieux", souligne De Sutter. “Nous voulons agrandir notre part de marché en Belgique pour nous imposer à terme comme leader du marché. Nous devons encore optimiser nos procédés en poussant plus loin la numérisation. En Pologne et en Allemagne, nous aimerions créer un nouveau hub, comme en Afrique. Nous avons déjà acquis de l'expérience au Ghana et en Inde, nous ne devrions donc pas aller droit dans le mur. Nous aimerions aussi stimuler nos activités dans le secteur privé. Parmi les exemples typiques, il y a la construction de nouveaux pontons dans les différents ports, à Anvers bien sûr, mais aussi dans le cadre de projets offshore. Et pour le reste, nous allons continuer à tout miser sur notre principal atout: des projets réalisés dans le respect du délai et du budget, pour le plus grand plaisir de chacun."

UNE LISTE IMPRESSIONNANTE DE REFERENCES

Forte de nombreuses années d'expérience dans les chantiers maritimes, Herbosch-Kiere n'a certainement pas à rougir des projets déjà réalisés, tous plus impressionnants les uns que les autres. “Nous avons participé à la construction de l'écluse de Kieldrecht dans le port d'Anvers. Pour Elia, nous avons construit les deux mâts du tunnel Liefkenshoek, de 192 mètres de haut. Il couvre une longueur de 1 kilomètre. Nous avons aussi construit la nouvelle écluse à Harelbeke, un projet de 100 millions d'euros, réalisé en collaboration avec Jan de Nul. Et à Nieuport, nous avons construit une dérivation pour l'Yser." 

Terminal de gaz NOUVEAU TERMINAL DE GAZ POUR LE PORT DU PAYS DE WAES

Dans la partie sud de l'Insteekdok du port du pays de Waes, un nouveau ponton voit le jour. Cette structure de 460 mètres de long qui comprend quatre zones d'amarrage pour les bateaux issus du trafic maritime et fluvial, servira de terminal pour l'appoint de gaz. Ce ponton pour l'entreprise Oiltanking Antwerp Gas Terminal nv (AGT) est une réalisation sans surprise pour Herbosch-Kiere, qui a déjà réalisé des projets similaires ces dernières années: dans le port du pays de Waes pour ITC Rubis Antwerp et au Zesde Havendok pour SEA-tank. “Le ponton comprend un accès par une passerelle en béton, qui repose sur des piquets en acier de 800 mm de diamètre. Le revêtement du ponton est en béton préfabriqué, produit dans notre dépôt", explique Luc Slaets, chef de projet chez Herbosch-Kiere. “Il s'agit d'éléments en béton de 15 mètres de long, pesant chacun 90 tonnes. 19 éléments en préfabriqué se succèdent pour former un pont de près de 300 mètres de long. Sur la rive, nous avons aménagé une culée. Ce ponton se démarque pas son évacuation de secours. Elle est suspendue à la construction sous la passerelle en béton sur toute la longueur. C'est la première fois que nous installons une voie de secours comme celle-là. Tout dépend évidemment du niveau de sécurité. Ici, c'est un terminal qui servira à charger et décharger du gaz, d'un bateau à l'autre. AGT veut être parée à toute éventualité."

Fondations de mats électriques

RENFORCER LES FONDATIONS DE MÂTS ÉLECTRIQUES À HAUTE TENSION

Parmi ses projets de référence, Herbosch-Kiere a également renforcé les fondations des mâts haute tension à l'aide de micropieux. “Sur la ligne à haute tension Mercator-Horta dans la région de Gand, Elia a entrepris de remplacer et de renforcer le câblage afin d'augmenter sa capacité. Pour ce faire, les fondations de 26 mâts haute tension ont eu besoin d'être renforcées également. Nous avons donc installé des micropieux et un système de renforcement des socles", explique le chef de projet Frederik Bourgois. “Tous les mâts haute tension entre les stations Rodenhuize et Horta ont été renforcés. Les fondations en avaient besoin pour supporter les contraintes plus fortes auxquelles allaient être soumis les mâts suite aux nouveaux câbles. Les socles ont été renforcés à l'aide de micropieux fixés à un socle. Pour la plupart des mâts, trois micropieux ont été installés par pied, soit une douzaine par pylône. Certains ont dû être encore davantage renforcés, les mâts d'angle, par exemple. Nous avons alors installé des pieux en plus grand nombre sur un diamètre plus large. Deux mâts sont ainsi équipés de 24 micropieux."

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Écrit par Jan De Naeyer
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