LES DEFIS DE MOBILITE CONTEMPORAINS REQUIERENT UNE SOLUTION TOTALE
LE NOUVEAU PRESIDENT DE TRAXIO, DIDIER PERWEZ, ESQUISSE LES CONTOURS
La mobilité est la pierre angulaire de notre société, c'est incontestable. Ces dernières années, ce fondement de notre société est victime de son propre succès, ce qui engendre régulièrement des connotations négatives. L'écologisation, la digitalisation et l'évolution technologique doivent apporter la lumière au bout du tunnel, mais pour parvenir à une solution totale, le consensus et la collaboration sont aussi primordiaux. Didier Perwez, le tout nouveau président de Traxio, espère serrer les rangs via la professionnalisation et l'implication sectorielle.
TACLER LES DEFIS DE MOBILITE
Tacler le défi de la mobilité avec tous les acteurs de la mobilité et personnes impliquées. Tel est le défi qui attend le président de Traxio, Didier Perwez. Tous les secteurs, ce sont dans ce cas-ci les cinq secteurs et les quatorze fédérations que réunit Traxio et que Perwez tente d'impliquer très étroitement dans la ligne jalonnée. Différentes visions et intérêts ne facilitent pas sa tâche, mais rendent le défi d'autant plus intéressant pour lui.
DiplomaTie
Obtenir un accord entre différentes parties, avec néanmoins un contexte similaire, n'est pas une sinécure. Ce qui est important pour l'un, reste souvent une réalité très lointaine pour l'autre. Dans ce cas, il faut une certaine diplomatie pour rallier toutes les fédérations à une cause commune. Perwez: “Nous avons modifié récemment le régime de réunion dans notre comité exécutif. Désormais, nous tiendrons six réunions par an, auxquelles seront présents tous les présidents des fédérations concernées et au cours desquelles seront commentés tous les thèmes. De cette manière, les aspects complexes pour une fédération sont expliqués de façon étayée et le président en question dispose d'informations suffisantes pour informer sa base. De plus, une proposition peut être adaptée, ce qui permet aux différentes fédérations de lui octroyer un caractère acceptable." La diplomatie est de rigueur, comme le démontre la discorde sur le Car-Pass entre les différentes fédérations. Perwez: “Car-Pass est un outil bienvenu pour la confiance du consommateur dans le marché de la mobilité, mais p.ex., les spécialistes des pneus le considèrent plutôt comme une charge administrative.Alors que le changement des quatre pneus ne prend que vingt minutes, compléter le Car-Pass exige vite deux minutes. C'est donc une tâche qui réclame 10% de leur précieux temps. Toutefois, il est particulièrement important pour nous de convaincre également les spécialistes des pneus de l'importance du Car-Pass. En ralliant chacun à une cause commune, nous pouvons, en effet, agir comme un seul bloc. Un atout qui n'est pas un luxe inutile dans notre pays."
DEFIS SUR DIFFERENTS NIVEAUX
S'efforcer de trouver une solution de mobilité demande donc une approche totale. Un objectif truffé de défis et de problèmes à plusieurs niveaux qui peut être considéré comme une prouesse. C'est ainsi qu'il convient encore en Belgique de franchir bien des obstacles, tant sur le plan économique que social, écologique, juridique et fiscal, avant d'accueillir l'avenir. Perwez veut réfléchir avec Traxio de façon constructive à la façon d'aborder ces défis spécifiques.
“Une federation qui reflechit a l’avenir et de façon constructive, constitue la base de la realite de demain”
Cadre économique stable
Perwez: “Aujourd'hui, on a plus que jamais besoin d'un cadre économique stable dans notre pays. La rentabilité du secteur automobile dans notre pays doit être amenée au moins au niveau de nos pays voisins, afin de pouvoir réaliser les investissements indispensables. C'est ainsi que l'interdiction des paiements en cash au-delà de € 3.000 va à l'encontre du marché européen unique, mais est aussi néfaste et anticoncurrentielle pour le marché interne. Une obligation d'identification comme dans nos pays voisins pourrait par exemple déjà offrir ici une solution." Selon Traxio, les contrats de distribution actuels doivent également être améliorés. Aujourd'hui, les obligations contractuelles se conjuguent à la fragilité des marges et à la subordination aux caprices du constructeur. Pieter Van Bastelaere, manager public affairs chez Traxio, a récemment réussi à répondre à cette question au plus haut niveau politique. Par exemple, des propositions ont été approuvées au Parlement fédéral qui donnent plus de pouvoir à l'autorité de la concurrence et permettent aux ministres de l'Economie et aux PME de prendre des mesures en cas d'abus de pouvoir dans ce secteur.
Simplification administrative
Traxio exerce également des pressions pour aboutir à une administration simplifiée. “Conclure un accord au sein de Traxio est encore particulièrement compliqué en raison d'un accès imparfait aux informations correctes. Pour l'instant, nous avons uniquement accès à la Banque-carrefour des Véhicules pour les plaques minéralogiques via le numéro de châssis. Aujourd'hui, on utilise donc toujours le numéro de châssis pour demander des informations techniques d'un véhicule. Ceci est complexe et, en outre, la plupart des chauffeurs ne connaissent pas ce numéro. La longue série de chiffres accroît, en outre, le risque d'erreurs." La révision du régime européen de stockage a également constitué un point d'action au sein de Traxio. Cependant, la règle restrictive des 10% sera bientôt chose du passé en Belgique. Après tout, Traxio a demandé au SPF Mobilité d'introduire une réglementation permettant la vente de ces voitures pendant trois mois avant l'entrée en vigueur de la réglementation définitive. En conséquence, l'Arrêté royal de 1968 sera modifié à la demande de Traxio.
Mobilité écologique
Aujourd'hui, le sujet mobilité est plus que jamais approché d'un point de vue écologique. Les pouvoirs publics consentent des efforts désespérés pour rendre le transport 'vert'. Des tentatives qui ont fait preuve de tout sauf de cohérence ces dernières années.
Perwez: “Lorsqu'on octroie des écoprimes une année pour stimuler la vente de voitures diesel et qu'on lance une véritable traque au diesel sept ans plus tard, on ne peut guère parler de crédibilité. Le consommateur a droit à une politique ferme et cohérente, mais dans l'actuel paysage politique, ce droit est un rêve lointain." Les zones à basse émission (ZBE) nécessitent une amélioration, et surtout une uniformité, estime Perwez. “Celui qui le veut, continue de rouler aujourd'hui, il est vrai avec réception d'une amende, dans une ZBE avec une voiture 'polluante'. En d'autres termes, une ZBE ne change rien à l'émission de substances nocives, on ne fait que déplacer le problème. Le problème doit être abordé à la source et ceci est possible au moyen de ce qu'on appelle l''éco-entretien'. Le nettoyage de la partie technique du moteur a une répercussion considérable sur l'émission et permet d'obtenir des résultats bien meilleurs. Il s'agit maintenant de mettre sur pied un tel réseau et d'élaborer les incentives nécessaires."
“On doit etre ouvert a une nouvelle interpretation du metier pour pouvoir accueillir l’avenir et assurer la mobilite comme un service au lieu d’un outil”
Enseignement adapté
L'un des défis majeurs pour le secteur automobile consiste à trouver un personnel qualifié. Ainsi, il est évident que la réforme de l'enseignement doit être ajustée et qu'une meilleure concordance doit intervenir entre l'enseignement et le marché du travail.
Perwez: “La nouvelle mobilité demande le recyclage. C'est pour cette raison que nous encourageons une collaboration intensive avec Educam, notre propre institut d'enseignement. Les salariés seront bientôt confrontés aux toutes dernières techniques automobiles, mais seront aussi confrontés en même temps à des voitures qui exigent une approche plutôt mécanique. Afin de continuer à privilégier la qualité, il est donc nécessaire d'être à l'aise sur les deux marchés, et Educam peut certainement leur apporter un bon soutien." Perwez estime aussi qu'un rôle continue d'être dévolu à l'enseignement classique à l'avenir. Même si, à ses yeux, il servira plutôt de fondement pour une série suivante de formations pointues.
Vague de consolidation
Peut-être bien le défi le plus marquant de ces dernières années est la coexistence de plusieurs entités différentes. Un défi que beaucoup perçoivent comme une menace, mais qui devrait être accueilli à bras ouverts, d'après Perwez. “Aujourd'hui, on doit paraître plus professionnel que jamais. Ceci peut être parfaitement obtenu via des consolidations sans devoir consentir trop d'efforts individuels pour cela. On doit toujours être ouvert à une nouvelle interprétation du métier pour être capable d'accueillir l'avenir et d'assurer la mobilité comme un service au lieu d'un outil."
VISION FUTURE
Afin de relever les défis susmentionnés, Perwez veut à nouveau laisser l'initiative aux fédérations. Perwez: “Les fédérations doivent à nouveau occuper une position centrale et constituer à chaque fois la base des politiques à suivre. Les défis dans le secteur automobile sont trop grands aujourd'hui pour continuer de négliger la base. Dans la grande incertitude qui règne aujourd'hui, personne ne semble réellement savoir dans quelle direction tout évoluera. C'est précisément cette incertitude qui fait de nous un partenaire crucial. Nous pouvons informer, accompagner et soutenir de façon ciblée, et répondre ainsi aux besoins du secteur. Une fédération qui pense en fonction de l'avenir et de façon constructive, constitue, en effet, la base de la réalité de demain."
EXPÉRIENCE
Didier Perwez n'était pas un inconnu pour Traxio lors de son engagement. Il est actif auprès de la fédération depuis 2011 et était déjà président de la Fédération pour le Matériel Automobile, l'un des cinq secteurs que représente l'organisation professionnelle. Il était aussi vice-président de Traxio. Depuis le 1er mars de cette année, il est aftermarket sales manager pour le Benelux et la France chez Hidria, l'une des sociétés européennes et mondiales les plus influentes dans le domaine des technologies automobiles et industrielles, mais il a commencé sa carrière chez Loctite, un acteur éminent dans les colles industrielles. Ces premiers pas dans l'après-vente l'ont ensuite conduit chez Beru, l'un des leaders du marché des bougies (de préchauffage) pour moteurs diesel. Au fil des années, il a grimpé dans la hiérarchie jusqu'à ce que l'entreprise allemande fusionne en 2013 avec le fabricant américain d'appareils électriques Federal-Mogul, pour lequel il occupait jusqu'à récemment le poste de district manager Benelux. Didier Perwez a l'intention de mettre cette vaste et solide expérience au service de tous les membres de Traxio.