DE NOUVELLES TECHNIQUES
POUR UN DEBOSSELAGE EFFICACE

Débosseler l'acier ou l'aluminium sans ou avec peinture: quoi, comment, pourquoi?

Une légère collision, un dégât lors du stationnement, de la grêle qui laisse des déformations, … Ce genre de problème est vite arrivé et les carrossiers se retrouvent alors avec énormément de travail de débosselage. Bien sûr, il faut être sûr de son coup: non seulement le client attend une finition impeccable visuellement, mais en plus, sa sécurité reste primordiale. Avec l'utilisation de nouveaux types de matériau et de peinture, de nouvelles techniques de débosselage s'imposent. L'avantage est qu'elles peuvent fortement augmenter l'efficacité dans l'atelier. Penchons-nous sur ces nouvelles techniques.

EVOLUTIONS

Trois évolutions récentes sont à la base de l'ascension des techniques de débosselage, remplaçant le débosselage traditionnel au marteau et au tas et la mise à nu de la pièce à réparer par meulage.

Réparation

D'abord, il y a la tendance à réparer autant que possible plutôt que de remplacer, comme l'indiquent les compagnies d'assurance. L'objectif ici est une économie circulaire. Bien sûr, les carrossiers veulent effectuer ces travaux de réparation de manière efficace et rentable afin de pouvoir ainsi pérenniser leur entreprise. Les fabricants jouent également là-dessus afin de permettre la réparation la plus efficace possible.

Matériau

Avant le changement de siècle, la plupart des voitures se composaient de tôle d'acier doux, laquelle possédait des zones déformables précises et bien visibles. Après 1998, on a commencé à développer des véhicules composés de différentes sortes d'acier à haute résistance avec différentes épaisseurs de tôle, le tout assemblé au moyen du soudage par point de résistance et laser. Celles-ci possèdent en quelque sorte des zones de déformations préprogrammées: elles ne se plient pas nécessairement à l'endroit de l'impact, mais à l'endroit où elles peuvent canaliser l'énergie, comme défini par le constructeur. Cela signifie que, lors de la réparation, on ne peut plus découper, souder et meuler aveuglément sur une pièce non amovible. Si on effectue ce genre d'opération à l'endroit où la tôle est la plus fine, ce sera à cet endroit-là qu'une déformation apparaîtra à l'impact suivant. Il faut donc réfléchir différemment. La récente arrivée des pièces de carrosserie en aluminium oblige les carrossiers à se recycler, car ce type de matériau par rapport à l'acier nécessite une approche particulière avec des outils spéciaux (voir plus loin).

Peinture

Non seulement les produits de peinture actuels sont plus résistants, mais en plus, certains types de vernis offrent une élasticité accrue. Cela signifie que l'on peut partir du principe qu'une peinture fendillée a subi un sérieux impact, mais aussi il est parfois possible de débosseler sans repeindre si la peinture ne s'est pas fendillée. Cela permet au carrossier d'économiser beaucoup de temps et de produits, ce qui répond à l'efficacité visée.

ACIER

Débosseler sans peinture

Lorsqu'il n'y a pas de dégât de peinture, il suffit souvent de repousser l'impact par l'intérieur, sans autre post-traitement. On parle alors de PDR: 'paintless dent repair'. C'est en général ce qui se passe avec les petits impacts provoqués par la grêle, par un petit accrochage lors du stationnement ou par une légère collision. Avec cette première technique, on peut utiliser une grande quantité d'outils de débosselage en de différentes matières, formes, longueurs et épaisseurs. Ceux-ci présentent aussi différentes sortes d'embouts pour pouvoir travailler très précisément ou pour pouvoir exercer plus de force. Lorsqu'il s'agit d'impacts un peu plus gros, on utilise souvent des pastilles à couler et un marteau à inertie afin de pouvoir tirer au lieu de pousser. Une bonne lampe luminescente ou LED constitue également un outil indispensable afin de bien pouvoir 'lire' la déformation. Il faut pousser ou tirer jusqu'à ce que les faisceaux lumineux réfléchis soient droits et parallèles. On peut y arriver en poussant simplement au milieu du creux, en poussant progressivement autour du creux selon la méthode de l'horloge ou bien en travaillant vers le milieu (ou l'inverse) dans un mouvement de spirale, selon la méthode de l'escargot. Les avantages de cette première technique sont la rapidité et la conservation de l'état d'origine du véhicule, car la peinture n'est pas touchée. Etant donné qu'une parfaite coordination entre les yeux et les mains est exigée, il faut une formation de plusieurs années pour bien maîtriser la technique avec les outils de débosselage.

Débosselage avec peinture

Avec la méthode 'push and paint', on remet en peinture après le débosselage. Il faut donc un post-traitement supplémentaire. Ici, on évite la traditionnelle mise à nu par ponçage - et donc l'élimination de la couche protectrice du métal - et on travaille uniquement dans la couche de peinture.

Ici, il s'agit typiquement de gros impacts, qui sont faciles d'accès. Dans un premier temps, la tôle est redressée grâce à des pastilles collées dans les extrémités de la déformation et on parachève avec les techniques PDR citées plus haut.

Aux endroits difficiles d'accès, on tire plusieurs fois, via la technique du marteau à inertie. On colle alors une base munie de plusieurs anneaux sur le creux avant de les tirer vers le haut (on parle aussi du système Miracle). Une table de traction compacte permet une traction localisée, mais il existe aussi des unités de traction plus grosses, qui fonctionnent selon le même principe.

Après avoir enlevé les éventuelles pastilles ou bases à anneaux, on ponce la couche de peinture puis on pulvérise un apprêt, que l'on ponce également avant de terminer par une couche de finition. On peut aussi utiliser le système multispot, mais alors, la tôle est mise à nu afin de la préparer pour le soudage par points.

Cette technique exige plus de temps et de produits que le débosselage sans peinture, mais elle est toujours plus efficace - et plus sûre - que les techniques traditionnelles. Toutefois, elle va plus loin et exige encore plus de savoir-faire.

ALUMINIUM

Avec les carrosseries en aluminium, on peut utiliser exactement les mêmes techniques qu'avec l'acier mais elles nécessitent ici une approche différente.

En effet, l'aluminium va s'oxyder en entrant au contact de l'acier (corrosion de contact). C'est pourquoi on a besoin d'outils distincts qu'il ne faut surtout pas mélanger aux autres outils. De plus, la limaille d'aluminium est plus légère que la limaille d'acier. Elle flotte dans l'air plus longtemps. L'aluminium nécessite donc un aspirateur spécial. Une autre différence est que l'aluminium - contrairement à l'acier haute résistance - peut être assoupli par un apport de chaleur, soit thermiquement avec un décapeur thermique, soit avec la flamme d'un petit brûleur. Cela offre donc encore plus de possibilités pour le débosselage.

CONCLUSION

Pour certaines réparations, il est nécessaire de tenir compte des prescriptions techniques du constructeur en question. Celles-ci décrivent précisément comment est composé l'ensemble de la carrosserie et quelles techniques on peut appliquer sur quel élément. Pour rester au courant des dernières techniques de débosselage, il faut également que les carrossiers se recyclent régulièrement. La technique à choisir dépendra du dégât spécifique, de son accessibilité et du type de matériau.

En collaboration avec Educam, le centre de connaissance et de formation du secteur automobile et autres secteurs apparentés (www.educam.be)