DEBOSSELER SANS PEINTURE
EXIGE OUTILS ADEQUATS, TECHNIQUE ET EXPERIENCE

Compromis délicat entre précision et force

Début juin, un violent orage a à nouveau éclaté avec de grosses averses de grêle et tout ce qui s'ensuit. De nombreux véhicules ont souffert et leur carrosserie s'est retrouvée criblée de trous. Heureusement pour les propriétaires, ces dégâts peuvent souvent être réparés, sans retouches de peinture. La réparation des dégâts est pour ainsi dire invisible. Le débosselage sans peinture (DSP) ne peut toutefois pas être effectué par n'importe qui; il exige une bonne dose de technique, le bon outillage et - surtout - une expérience et une formation solides.

RAPIDE ET EFFICACE

Le débosselage sans peinture ou DSP est une technique de réparation permettant de réparer une carrosserie bosselée sans devoir poncer, enduire ou peindre ensuite. La technique a été mise au point il y a quelques décennies aux Etats-Unis pour réduire les dégâts possibles lors du processus de production des véhicules. Au fil des ans, elle s'est infiltrée partout dans le monde dans les ateliers, où cette méthode est bien plus efficace qu'une réparation classique de dégâts de grêle ou de stationnement. Le DSP a quelques atouts majeurs: il permet d'éliminer assez rapidement et efficacement une bosse de la carrosserie. Comme la peinture reste intacte, le véhicule conserve sa valeur originale.

TRES PRATIQUE, MAIS...

Pour pouvoir bénéficier de ces avantages, il faut remplir assez bien de conditions.

• Seules les petites bosses peuvent être réparées. La taille a été définie par l'UPEX, l'union professionnelle des experts en automobiles: la taille d'une bosse est enregistrée dans le système de calcul UPEX, jusqu'à un diamètre de 40 mm;
• Des techniciens chevronnés peuvent cependant souvent réparer de plus grandes bosses;
• Le DSP n'est aussi possible que moyennant un accès suffisant à la bosse. Un accès généralement cherché à l'intérieur de la carrosserie. Pour ce faire, il faut démonter les pavillons ou les phares. Avec des outils spéciaux, on tente alors de 'repousser' la surface enfoncée depuis l'intérieur de la carrosserie;
• Autre condition évidente: la peinture ne doit pas être fissurée par la dégradation;
• Le métal lui-même ne doit pas non plus être trop durement touché; les micro-fissures dans la couche de peinture doivent être réparées autrement.Si tel est le cas, le DSP n'est pas possible et il faut passer au 'push and paint', impliquant bel et bien une finition. Dans le cas du 'push and paint', il faut poncer la couche de pein-ture après le débosselage, pour appliquer ensuite la peinture de base, poncer à nouveau et appliquer la peinture de finition.

Importance de la formation

Bien qu'il semble s'agir d'une opération purement mécanique, le DSP est loin d'être une technique simple et exige des années d'exercice. La majorité des bosses doivent, en effet, être cherchées et réparées 'à l'aveugle', ce qui implique une excellente coordination yeux/mains, qu'on ne peut acquérir que grâce à la formation et de nombreux exercices. Il ne faut donc pas sous-estimer l'importance de la formation et de l'exercice.

OUTILLAGE ADEQUAT

Pour le DSP, le professionnel dispose d'un large éventail d'outils, allant de leviers mécaniques - les différents types de 'cuillers' - à des appareils à induction, en passant par divers accessoires comme la colle et les marteaux de traction.

Cuillers

Avec les cuillers, le professionnel tente de repousser une bosse depuis l'intérieur de la carrosserie. Ce set de fers de débosselage conçu spécialement existe en de nombreuses formes et tailles, ayant chacune un but spécifique. Une cuiller particulière peut repousser une bosse avec plus de précision, tandis qu'une autre permet d'exercer plus de force sans déchirer la carrosserie.

Le même principe s'applique aux manches. On choisit l'un ou l'autre si on privilégie la précision ou la force. Il y a bien sûr aussi différentes longueurs et épaisseurs, pour pouvoir aller plus loin ou non selon les besoins. L'élément le plus important des cuillers est toutefois leur 'pointe'.

• Ball tip: extrémité ronde, bon outil universel;
• Blade tip: outil universel n'étant cependant pas trop doux avec la carrosserie;
• Tri-point tip: utilisée là où le métal est plus épais et plus lourd;
• Cutter tip: utilisée lors de la dernière phase du DSP, pour éliminer complètement les derniers restes de la bosse;
• Knife tip: employée pour s'attaquer aux derniers détails.

Il existe encore d'autres variantes, comme les flat bar tips ou whale tale tips, avec leurs caractéristiques et applications spécifiques. L'utilisation de cuillers n'est pas évidente du tout et exige une excellente coordination entre les yeux et les mains. Pour les professionnels inexpérimentés et lors des formations, il existe une cuiller à pointe magnétique. En tenant une petite bille en acier à l'extérieur de la carrosserie, on sait où se trouve la pointe derrière la carrosserie. L'inconvénient: la bille peut entraver la vue sur la bosse.

Marteaux

Lors du débosselage, on ne pense pas forcément aux marteaux. Ils sont pourtant très utiles. Il arrive, en effet, souvent qu'on se retrouve avec une bosse ressortant de la carrosserie lorsqu'on termine le débosselage. Celle-ci est alors éliminée avec des marteaux spéciaux.

Leviers

Dans le cas de dégâts dus par exemple à la grêle, il faut passer par l'intérieur de la carrosserie pour repousser les bosses. Il est toutefois difficile de manœu-vrer par l'intérieur; d'où l'utilisation de leviers, dans lesquels s'ajustent les cuillers. On peut ainsi plus facilement exercer de la force pour sortir la bosse de la carrosserie.

Lampe

Une bonne lampe est indispensable pour le DSP. Avec la lampe (large), on essaie de 'lire' la bosse: en la positionnant correctement, on peut voir la bosse dans tous ses détails, et il est plus facile pour le professionnel de l'éliminer comme il faut. Une bonne position de la lampe permet également de voir chaque irrégularité, afin de pouvoir éliminer efficacement la bosse complète.

Embouts de traction

Ces petits embouts en forme de champignon sont fixés à la carrosserie avec de la colle. Ils forment un point d'ancrage pour le marteau de traction, pour sortir ainsi la bosse de la carrosserie.Dès la bosse sortie de la carrosserie, l'embout et la colle peuvent être retirés, sans laisser de traces.

Marteau de traction

Cet outil spécifique pour le DSP est utilisé avec les embouts de traction. Le marteau de traction est accroché à un embout de traction (collé) et avec des 'coups négatifs', la bosse peut être sortie lentement mais sûrement de la carrosserie. On a surtout recours à ce marteau dans le cas de bosses plus grosses.

Appareil à Induction

Outre les méthodes mécaniques, il y a une méthode par induction. L'appareil est placé au centre d'une (petite) bosse et mis en marche. Sous l'effet de la chaleur générée, le métal a tendance à se dilater et la bosse 'saute' hors de la carrosserie.

TECHNIQUE

Le débosselage doit être maîtrisé, et exige assez bien d'expertise. Une bonne préparation représente déjà la moitié du travail: en positionnant la lampe correctement et en ayant une bonne idée de la bosse, on peut déjà savoir comment procéder au mieux et de quel outillage on a besoin. Cela dépend de l'emplacement et de la taille de la bosse. On peut d'une part sortir la bosse de la carrosserie avec un marteau de traction. Cela est rapide mais ne permet pas encore d'obtenir un résultat impeccable. Souvent, la bosse ressort à présent de la car-rosserie et il faut ramener celle-ci au bon niveau avec des marteaux spéciaux. On peut d'autre part travailler avec les cuillers à l'intérieur de la carrosserie. On amène la pointe de la cuiller jusqu'à la bosse, et on la pousse délicatement hors de la carrosserie. Une fois ceci fait, c'est une question de finition pour obtenir un résultat impeccable. Avec une éponge abrasive à grain fin puis un polissage sur la peinture avec un polish spécial, les moindres boursouflures - dues à la carrosserie remontée - sont aplanies. On obtient ainsi une carrosserie parfaite, ne présentant plus la moindre trace de dégradation.

D'ICI ET D'AILLEURS

Les spécialistes dans ce domaine manquent rarement de travail. Tout garage ou carrosserie rêverait d'avoir un spécialiste parmi son personnel. Il est donc logique que certaines entreprises aient fait du DSP leur principale activité - voire leur seule activité. Ces entreprises ne se limitent pas non plus à leur propre pays, comme on a pu le voir lors des grosses averses de grêle de juin. Les 'chasseurs de grêle', des firmes européennes spécialisées dans la réparation de véhicules endommagés par la grêle, suivent en effet attentivement les bulletins météo en Europe et foncent dans les régions où la grêle a occasionné des dommages pour y réparer les véhicules sur place. Quelques professionnels espagnols ont ainsi notamment été envoyés chez nous par leurs patrons pour effectuer des réparations.

LE MOBILE A LA COTE

On constate aussi que les entre-prises misent de plus en plus sur leur service mobile. Les consommateurs sont de moins en moins patients et les entreprises de carrosserie s'efforcent de leur proposer une solution adéquate au plus vite en cas de dégâts éventuels. C'est alors le professionnel qui va au consommateur.

PRIX STANDARD

Une telle spécialisation a un coût: les compagnies d'assurances ont établi via l'UPEX un système de calcul, répartissant les bosses dans quatre catégories: 10, 20, 30 et 40 mm de diamètre. On regarde également quelle partie est touchée et si un démontage s'impose. En catégorisant les bosses selon la taille et l'emplacement, on peut réaliser un calcul des dégâts assez précis. Le professionnel et surtout le consommateur savent ainsi directement à combien reviendra la réparation.