OPTEZ POUR UN SYSTEME DE MARQUAGE ADAPTE A LA ROUTE
BAILLONVILLE, UN SITE D’ESSAIS POUR LES SYSTEMES DE MARQUAGES ROUTIERS
Quand un fabricant de produits de marquages routiers veut introduire un nouveau produit, il doit obligatoirement passer par un processus d’homologation pour son produit. Cette certification est obtenue après introduction d’un dossier technique suivi d’essais soit en laboratoire, soit, comme en Belgique, sur un site d'homologation accessible au trafic. Si les essais sont concluants, le produit reçoit une homologation et est repris dans la liste des produits homologués mise à la disposition des sociétés applicatrices de marquages routiers. Cet article fait le tour de cette procédure et rend visite au site de Baillonville où les essais sont effectués.
CONTROLE ET CERTIFICATION DES MARQUAGES ROUTIERS
La certification des produits de marquages routiers se fait sur la base de spécifications belges et européennes. Ces documents techniques définissent les règles d'évaluation des marquages, ce qui permet une comparaison harmonisée des performances techniques des produits appliqués.
Il est très important de souligner que les normes à suivre ne définissent pas la composition du produit lui-même, mais décrivent uniquement les exigences techniques auxquelles les systèmes de marquage doivent répondre durant l'essai routier (qui peut durer deux ans).

Normes européennes
En Belgique, l’attestation d’un produit de marquage routier est obtenue à partir de sessions d’essai organisées par COPRO, en collaboration avec les Administrations Wallonne et Flamande, et décrites dans le guide d’agrément ‘G0025 Systèmes de marquage routiers – Champ d’homologation sur route’, lui-même basé sur les normes européennes NBN EN 1824 et NBN EN 1436. Elles décrivent les différents paramètres à examiner:
- la géométrie des marquages appliqués;
- les systèmes de mesure;
- les classes de passages de roues des véhicules;
Standardisation organique
es normes européennes ne donnent aucune spécification sur la composition, ni sur la qualité du produit. Ces caractéristiques sont dès lors imposées par les différentes Administrations des routes des pays qui font partie de l’UE.
Cependant, il va de soi que les fabricants essayent de développer et de produire un produit standardisé qui pourra alors être soumis à homologation dans différents pays de l’UE. En d’autres termes, une standardisation ‘organique’ est mise en œuvre par les producteurs sous l’effet des lois du marché. En même temps, il existe aussi une concertation entre les différentes organisations de contrôle, les services publics régionaux ou nationaux, ainsi que les producteurs.
DEMANDE D’HOMOLOGATION
Le fabricant doit introduire un formulaire d’inscription auprès de COPRO. Tous les coûts administratifs, d’organisation des essais ainsi que l’homologation sont entièrement financés par les demandeurs.
SIMULATEUR D’USURE OU ESSAIS ROUTIERS?

Les normes européennes prévoient deux méthodes pour juger de la durabilité des caractéristiques performantielles des systèmes de marquage routier, d’une part à l’aide d’un simulateur d’usure, et d’autre part au moyen de sessions d’essais routiers.
La plupart des pays ont choisi la méthode faisant appel au simulateur d’usure. La Belgique, ainsi que certains autres pays européens (comme la France, la Tchéquie, la Pologne ainsi que les pays scandinaves), ont opté, quant à eux, pour la méthode recourant aux sessions d’essais routiers, lesquelles, à quelques particularités près, sont exécutées de la même manière.
ESSAIS SUR TRONÇONS ROUTIERS A BAILLONVILLE
Les tronçons d'essais routiers (conformes aux spécifications de la norme NBN EN 1824) ont été mis en place sur la route du Condroz (N63) dans le sens de la circulation allant de Marche-en-Famenne vers Liège, à hauteur de Baillonville. La route est composée de deux fois deux bandes de circulation avec berme centrale en béton. La zone d’essais s’étend sur une ligne droite d’une longueur de près d’un kilomètre. Pendant l’application des marquages et durant les mesures, cette portion de route est barrée et la circulation déviée de l’autre côté de la berme centrale.
QUI FAIT QUOI A BAILLONVILLE?
SPW
Le responsable pour la Direction des Routes du SPW (Service Public de Wallonie) sur le site de Baillonville est M. Gauthier Michaux, ingénieur civil et attaché qualifié à la direction des structures métalliques, dépendant du département des expertises techniques. Le SPW réalise également des inspections auprès des producteurs de marquage routier et participe aux commissions techniques de réglementation et de normalisation sur le plan régional, national et international.
AWV
L’AWV (Ministerie Openbare Werken van de Vlaamse Gemeenschap, Agentschap voor Wegen en Verkeer) présent sur le site de Baillonville participe aussi depuis des années aux contrôles durant les sessions d’essais. Pour rappel, les cahiers des charges type des Régions Flamande et Wallonne prescrivent que les systèmes de marquage routier doivent être homologués conformément aux essais routiers réalisés à Baillonville.
COPRO
COPRO est un organisme indépendant et impartial de certification et de contrôle de matériaux délivrant des sous-licences pour l’usage de la marque BENOR, ainsi que pour celle de sa propre marque COPRO. Le représentant de COPRO sur le site de Baillonville est M. Philippe du Bus de Warnaffe, responsable des produits de marquage routier et des liants bitumineux.
APPLICATION DES PRODUITS DE MARQUAGE ROUTIER
Les différents systèmes de marquage routier sont appliqués sur la bande de droite selon un planning prédéfini. Chaque système de marquage proposé est appliqué par ‘bloc’ composé de neuf lignes longitudinales de 15 cm de large sur 2,5 mètres de long. L’espace entre les différents systèmes de marquage appliqués est à chaque fois de 1,5 mètre.
Les produits de marquage routier sur les tronçons d’essais peuvent être exécutés à l’aide de différentes sortes de produits de base: peintures, enduits à chaud, enduits à froid ainsi que marquages préfabriqués. L’application de ces produits, à l’exception de certains marquages préfabriqués, se fait à l’aide de matériel automoteur.
Contrôle des dosages
Le contrôle des dosages en matières premières d’application aux produits de marquage et des produits de saupoudrage se fait pendant cette phase. Le marquage est ensuite appliqué de part et d'autre de cinq des neuf lignes sur une feuille de plastique/une membrane bitumineuse (roofing) en fonction du type de produit de base. Cette feuille ou membrane est ensuite pesée afin de déterminer le dosage utilisé.
Pour les peintures avec solvants, ces pesées sont réalisées après un séchage de 24 heures. Si les valeurs de ces dosages sortent des limites admises, alors le système de marquage sera rejeté.
CONTROLE ET MESURES

Mesure du nombre de passages de roues
Le trafic (et par là même, le nombre de passages de roues sur les systèmes de marquage routiers) est mesuré à l’aide d’un compteur à capteurs piézoélectriques. Le système permet de mesurer non seulement le nombre de passages et leur répartition transversale, mais aussi la proportion de véhicules légers et de poids lourds.
Timing
En fonction du type de produit de base, les premières mesures de contrôle doivent se faire, entre trois et quatorze jours après l’application du système de marquage. Afin de s’assurer de la durabilité des produits ainsi que de leur évolution dans le temps, des mesures sont également effectuées sur ces systèmes après un an et deux ans.
Pour les systèmes de marquage appliqués en 2017, il a été constaté lors des mesures qui ont suivi en 2018, que la première et la troisième ligne à partir de la gauche avaient été exposées au nombre le plus important de passages de roues et donc à l’usure la plus importante.
Classes de performance
Les mesures sont réalisées dans l’ordre croissant des classes de performance allant de P1 à P6, où P1 équivaut à 50.000 passages, et P6 à 2.000.000 de passages. Sur la base des performances atteintes, le système de marquage pourra ensuite être certifié.
Caractéristiques
Les marquages sont contrôlés par rapport à quatre caractéristiques au moins:

- Coefficient de luminance sous éclairage diffus: cette caractéristique mesure la réflexion de la lumière du jour sur le marquage;
- Coefficient de luminance rétroréfléchie: cette valeur exprime la rétroréfléxion pendant la nuit. Ce coefficient détermine la quantité de lumière des phares d’un véhicule renvoyée par les microbilles en verre présentes à la surface des systèmes de marquage. La mesure se fait à l’aide d’un réflectomètre tout comme pour la luminance;
- Couleur: la couleur du système de marquage est déterminée, et cela, tant pour les lignes blanches (marquages permanents) que pour les lignes jaunes (temporaires);
- Rugosité: cette mesure permet de s’assurer que le produit ne soit pas trop glissant afin d’améliorer la sécurité des motards, par exemple, qui pourrait être mise en danger. La mesure se fait après avoir mouillé le marquage.

Un contrôle supplémentaire de rétroréflexion par temps de pluie est ajouté dans le cas de systèmes structurés. En effet, des marquages blancs saupoudrés de microbilles de verre réfléchissent mal la lumière par temps de pluie, car la pellicule d’eau qui couvre les marquages, diffuse la lumière dans tous les sens. Un système de marquage qui doit rester réfléchissant la nuit par temps de pluie, doit donc pouvoir laisser l’eau s’évacuer.
Grâce à leur structure surélevée, les marquages en relief et les marquages thermoplastiques profilés offrent cette possibilité et permettent l’évacuation de l’eau, avec l’avantage supplémentaire d’émettre un signal sonore quand les pneus passent sur la surface structurée des marquages, attirant ainsi l’attention du conducteur.
ATTESTATION
COPRO homologue le produit dès que les performances minimales sont atteintes. Les résultats des mesures et des performances sont aussi mentionnés sur l’attestation d’aptitude à l’emploi. Quand les performances d’un système de marquage ont été homologuées, il est ajouté à la liste des systèmes de marquage qui peuvent être appliqués en Belgique (routes régionales).
Lors du choix d'un systeme de marquage routier, l'entrepreneur doit toujours tenir compte des specifications predefinies. Un systeme de marquage routier de faible performance n'a pas sa place sur une autoroute intensivement circulee
CHOIX DU SYSTEME DE MARQUAGE ROUTIER

L’entrepreneur choisira le produit sur la base des prescriptions/spécifications prévues, en tenant compte notamment de la classe de performance. En effet, il est inutile d’employer la plus haute classe pour une petite route au trafic modeste, ou inversement, d’utiliser certains marquages de classe inférieure sur des routes intensivement circulées.
Par conséquent, l’expérience de l’entrepreneur est particulièrement importante dans le choix du système de marquage, car à tout moment l’administration peut contrôler la qualité des marquages, et vérifier si les performances correspondent bien aux prestations prescrites, qui sont garanties sur la base des essais routiers d’homologation. Si un système de marquage ne correspond pas aux spécifications du cahier des charges, l’entrepreneur est tenu d’en recommencer l’application.
RESULTATS DES ESSAIS DE 2018
Cette année, il y a eu moins d’inscriptions pour de nouveaux systèmes de marquage routier que l’année précédente, étant donné que la plupart des producteurs disposent déjà de systèmes homologués. Il s’agit donc surtout de variantes de systèmes existants dont la qualité ou le rapport qualité/ prix ont été améliorés.
Depuis le début de l’organisation des essais en 2007, le nombre de refus de systèmes de marquage routier a, chaque année, continué à diminuer.
Le facteur décisif dans cette évolution spécifique est la qualité de l’application des produits de marquage qui s’est fortement améliorée. La plupart des refus enregistrés sont souvent dus à des irrégularités causées par une mauvaise application du système de marquage.