STIMULER LA NAVIGATION INTERIEURE POUR LE TRANSPORT LOURD
Comment les autorités stimulent-elles la navigation intérieure?

“On dit toujours que je ne vois que la voiture. Non, j'investis meme plus dans les alternatives de la voiture que dans la voiture meme"
Comment peut-on y inciter les entreprises?
“Je pense que nous devons mettre en place pour cela un engagement et une collaboration avec les entrepreneurs. Je constate, en effet, que l'eau n'est pas (ou pas suffisamment) une priorité pour les entreprises. Les entreprises travaillant avec des matériaux de construction ont déjà plus intégré cette manière de penser. Ces entreprises s'installent le long de voies navigables. On a sur ce plan quelques pionniers comme Celis et Wienerberger qui prennent vraiment l'initiative. Mais cet exemple doit encore être imité. J'essaie de convaincre de grandes entreprises comme AB Inbev. Cela est important pour notre communication. Si de telles entreprises franchissent le pas, cela doit tout de même bien représenter quelque chose. Mais nous n'avons pas d'alternatives, vous savez. Les routes continueront de s'obstruer. Selon les prévisions du Bureau du Plan, le trafic lourd augmenterait de 44% d'ici 2030! Nous devons donc faire passer un maximum de poids lourds de la route à l'eau."
Vous avez évoqué un budget d'investissement de 2,25 milliards d'euros. qu'est-ce qui est prévu concrètement pour les prochaines années?
“Une partie sera investie dans le rehaussement des ponts surmontant le Canal Albert. Il s'agit d'une voie navigable rapide géniale comme nous n'en avons vraiment qu'une seule grande. C'est une liaison formidable, très large, mais avec 66 ponts. Si nous voulons en exploiter plus la capacité avec un meilleur rendement, nous devons idéalement faire en sorte que des navires porte-conteneurs avec quatre couches de conteneurs puissent naviguer sur tout le tracé du Limbourg jusqu'au port d'Anvers. Nous parlons ici de navires pouvant transporter des centaines de conteneurs, empilés en quatre couches. Mais il faut alors bien sûr rehausser tous les ponts jusqu'à une hauteur libre de 9 m et 10 cm, car l'adaptation de quelques ponts ne suffira pas. Un travail de longue haleine, avec idéalement l'utilisation de types de ponts devant juste être adaptés un peu. Cela ne marche toutefois, à mon grand regret, pas partout.
“Nous n'avons plus d'alternatives. Les routes continueront de s'obstruer, que cela nous plaise ou non. Selon les previsions du Bureau du Plan, le trafic lourd augmenterait de 44% d'ici 2030! Nous devons donc faire passer un maximum de poids lourds de la route a l'eau"
Mais 66 ponts doivent ainsi donc être rehaussés et nous venons seulement de passer la moitié. Je vais à présent mettre sur le marché un deuxième lot de ponts que nous allons réaliser avec une construction en PPP. Nous en avons déjà adjugé un premier pour le réaliser par ce biais. Ici, nous payons une indemnisation de disponibilité au concepteur du pont, qui le garde donc trente ans en gestion et assure l'entretien avant de le céder à nouveau après cette période aux autorités flamandes. Ce projet ouvre de nombreuses perspectives. D'autre part, nous avons aussi l'Ecluse de Terneuzen. Nous y investissons non moins d'un montant de plus de 900 millions d'euros, un investissement incroyable. Il s'agit d'un projet fantastique dans le sens où nous n'avons pas opté pour le scénario le meilleur marché, mais pour un investissement vraiment audacieux. Cela aura des conséquences sur le transport et la connexion, non seulement avec le port de Gand, mais aussi sur l'idée de l'histoire Seine-Escaut avec l'espoir de pouvoir relier Rotterdam, Gand et Anvers avec Paris par l'eau. Cela n'existe pas encore aujourd'hui. Et il y a encore du pain sur la planche pour cela. Le projet Seine-Escaut implique également de lourds investissements par exemple à Courtrai, sur la Lys, où nous travaillons déjà. Il s'agit là de tronçons que nous devons rectifier. Cela paraît simple, mais dans la pratique, ce n'est pas une mince affaire. Il faut par exemple encore creuser les canaux entre Combray et Compiègne, sur le territoire français. Il y a encore actuellement là un chaînon manquant, il n'y a rien. Pour vous dire que cela représente tout de même une belle perspective d'un projet européen et que cela est plaisant à faire. Mais cela coûte cher."
Quels sont les critères déterminants pour l'adjudication de travaux publics?
“Cela dépend du devis. Mais il n'y a jamais que le prix qui compte, mais aussi toujours la qualité. Surtout pour de gros projets comme une écluse, nous ne pouvons pas nous permettre de choisir les alternatives les moins chères. Il s'agit ici d'un sérieux ouvrage d'art. C'est donc plutôt une évaluation qualitative, mais cela est toujours compliqué, car de nombreuses interprétations et discussions sont possibles en raison du caractère subjectif. Des normes de qualité sont dès lors d'une part imposées. D'autre part, les différentes propositions sont aussi toujours comparées sur le plan qualitatif. Mais le gagnant final est une estimation subjective. Dans le cadre de l'offre, nous indiquons dès le départ que nous accordons autant de points à la qualité, au prix, ... De cette façon, on arrive finalement à une base pour pouvoir trancher."